Discours de Maryam Radjavi à l’ONU – Genève
C’est un grand plaisir de pouvoir m’exprimer à nouveau devant vous. Il y a 66 ans, la Déclaration universelle des droits de l’homme stipulait l’ « avènement d’un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère (…) comme la plus haute aspiration de l’homme.»
Nous pouvons également relever cette phrase célèbre de la Charte des Nations Unies : «Nous, peuples des Nations Unies, résolus à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l’homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l’égalité de droits des hommes et des femmes. »
Les idéaux humains qui forment le noyau de toutes les conventions internationales sur les droits humains constituent l’objectif pour lequel nous avons décidé de payer le prix. Et aujourd’hui, je suis venue appeler l’ONU à respecter ses obligations vis-à-vis de ces valeurs.
Ces derniers mois, alors que Rohani se targuait de modération, le nombre des exécutions a atteint un nouveau record en 25 ans. Au moins 176 pendaisons ont été déclarées depuis le début de l’année. Au moins trois des victimes étaient mineures au moment de leur arrestation.
Toutefois, le 4 mars, un haut responsable du système judiciaire du régime, Javad Ali Larijani, a déclaré : « le monde doit rendre hommage à l’Iran pour le nombre croissant des exécutions. » Depuis que Rohani a pris ses fonctions, 40 à 50 journalistes ont été arrêtés. Davantage de restrictions ont été imposées aux usagers d’Internet. Les restrictions sur internet sont décidées par une commission de 13 personnes dont 6 ministres de Rohani.
La répression des femmes, sous prétexte qu’elles sont mal-voilées, et les très nombreuses discriminations à leur encontre se poursuivent. Dans de telles circonstances, le silence et l’inaction de la communauté internationale sont-ils justifiés ?
C’est une grande erreur de laisser penser que le silence et l’inaction vis-à-vis les droits de l’homme peuvent faciliter un accord sur le programme nucléaire. Je mets en garde : personne ne doit sacrifier les droits humains, la liberté et la résistance du peuple iranien pour la poursuite des négociations nucléaires avec les mollahs.
Mesdames et Messieurs,
La situation imposée aux membres de l’OMPI dans la prison de Liberty par les dictatures de l’Iran et de l’Irak constitue un cas urgent de violations graves et systématiques des droits humains.
Le régime des mollahs submergé de crise et redoutant son renversement, focalise tous ses efforts pour éliminer sa principale opposition. Le 1er septembre, par le biais de leur gouvernement vassal en Irak, les mollahs ont fait massacrer 52 membres de l’OMPI au camp d’Achraf.
Avant et après le massacre nous avons mis en garde à de nombreuses reprises contre les plans du régime iranien visant à faire davantage de victimes. Malheureusement, ces mises en garde répétées ont été ignorées.
Le 26 décembre, la prison de Liberty a été attaquée à la roquette pour la quatrième fois en 2013. Quatre personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées. Ce qui se passe est un massacre programmé. D’une part le gouvernement Maliki lance des attaques à la roquette sur Liberty et d’autre part le régime iranien fait tout son possible pour empêcher la réinstallation des habitants hors d’Irak.
L’article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule : «Toute personne a droit à la vie, à la liberté et à la sécurité de sa personne». Alors, pourquoi l’ONU est-elle silencieuse sur les violations systématiques du droit à la vie des habitants de Liberty ?
En même temps, le harcèlement, les intimidations et les provocations des agents des services du Premier ministre irakien se sont intensifiés. Ils empêchent la réinstallation des murs en T de protection à l’intérieur camp Liberty. Ils ne permettent pas l’entrée dans le camp des abris achetés par les habitants. Ils restreignent l’accès aux hôpitaux pour les malades et empêchent les interprètes de les accompagner. Ils ont enterré en secret les corps des victimes du massacre du 1er septembre du camp d’Achraf. Et ils préparent le terrain à des affrontements.
Tous ces harcèlements, toute cette répression et ces restrictions ont été rapportés de manière quotidienne par les habitants de Liberty à l’ONU. Alors pourquoi les observateurs onusiens ne mentionnent-ils pas ces pressions quotidiennes et inhumaines dans leurs rapports ? Et pourquoi vont-ils jusqu’à donner de faux rapports qui peuvent ouvrir la voie à d’autres massacres ? Pourquoi l’ONU se discrédite-t-elle avec ce silence immoral ?
Afin d’éviter une autre catastrophe humanitaire, je lance un appel aux USA, à l’Union européenne et à l’ONU pour renvoyer cette affaire devant le Conseil de sécurité de l’ONU afin d’agir sur les questions suivantes :
– La libération de sept otages,
– Le transfert de tous les habitants vers des pays membres de l’UE ou les États-Unis.
– Fournir des exigences de sécurité de base aux habitants du camp Liberty contre les attaques à la roquette, avec notamment la réinstallation des murs de protection et la mise en place des observateurs de l’ONU, accompagnés par une équipe de casques bleus à l’intérieur de Liberty.
Nous demandons l’intervention des Etats-Unis et de l’ONU afin de lever immédiatement le blocus médical et alimentaire. Les Etats-Unis et l’ONU sont tenus par des engagements à assurer le libre accès des habitants à la nourriture et au médicament.
– Et la vente des biens par le représentant légal des habitants pour couvrir les frais de réinstallation.
En ce qui concerne cette tragédie en cours au camp Liberty, malheureusement l’ONU et en particulier le Haut commissariat aux droits de l’homme (HCDH) n’ont rien fait pour l’arrêter. Ont-ils oublié leurs responsabilités ? Ou ne veulent-ils pas déranger le gouvernement fantoche des mollahs en Irak ?
Le fait est qu’une solution pratique et efficace est à portée de main. C’est une enquête transparente et indépendante. Si le HCDH avait enquêté sur les tueries précédentes et traduits les responsables en justice, le massacre de septembre n’aurait pas eu lieu. S’il avait enquêté sur le massacre de septembre, le gouvernement Maliki n’aurait pas été en mesure de dissimuler le sang qui lui tache les mains, ni même de blâmer les habitants de ces crimes.
Après les tueries, en avril 2011, Madame Pillay avait appelé à une enquête « complète, indépendante et transparente ». Elle avait même dit : « il faut poursuivre tous les responsables de l’usage excessif de la force ». Pourquoi l’ONU n’a-t-elle pas mené d’enquête sur trois massacres à Achraf et quatre attaques à la roquette sur Liberty ? Permettez-moi d’être claire : en refusant de mener une enquête indépendante, vous donnez le feu vert aux dictateurs en Iran et en Irak pour commettre davantage de meurtres.
Une fois de plus, je remercie les organisateurs de cette réunion, la Fondation Danielle Mitterrand France-Libertés, le MRAP, International Educational Development, l’Association internationale pour les droits humains des femmes et le Parti radical non-violent transnational et transparti.
J’appelle également les représentants dans cette salle des ONG et les ambassadeurs, ainsi que les autres à faire de leur mieux pour encourager l’ONU et les instances mondiales concernées à prendre des mesures pour la sécurité et la protection des habitants de Liberty.