N’abandonnez jamais vos rêves, jamais !
Le 14 novembre marque la date à laquelle Françoise Héritier a quitté ce monde. Cette grande anthropologue française était une amie de la Résistance iranienne.
Lors de son décès, Maryam Radjavi avait déclaré :
Françoise Héritier n’est plus parmi nous, mais les flammes de sa pensée profonde continuent de briller, et nous n’oublierons pas qu’elle a dit : Il n’y aura jamais de vraie liberté pour l’Homme sans une complète égalité entre les deux sexes.
Elle disait aussi que la difficulté du chemin ne doit pas nous rendre passives. Nous devrions plutôt concentrer nos efforts, hommes et femmes, pour détruire un jour ce modèle de domination masculine, fondé depuis le début sur les inégalités dans le monde entier.
Françoise Héritier avait rédigé une belle introduction pour le livre en français de Maryam Radjavi, intitulé « Les Femmes contre l’intégrisme ».
En mars 2016, Mme Héritier avait envoyé un message vidéo à la conférence « L’engagement pour la parité – Les femmes unies contre le l’intégrisme islamique » dans lequel elle avait déclaré :
« Mon message en fait sera simple : il est légitime que les femmes aient un statut égal à celui des hommes et une considération égale à celui des hommes. Mais on ne peut pas y parvenir sans lutter, sans combattre, sans y mettre du sien.
C’est pour cela que l’éducation est extrêmement importante. Mais également, j’allais dire la prise de pouvoir, toutes les fois que la chose est possible, et c’est en ce sens que personnellement j’ai été séduite en fait par le travail mené par Mme Radjavi. Car j’ai eu conscience extrêmement tôt de la qualité de son combat et de la sincérité de son engagement pour la laïcité, la vraie, c’est-à-dire la séparation des églises et de l’État, mais également pour son engagement pour les femmes.
Et là où elle a innové, ou il me semble que c’est là le point essentiel – évidemment c’est dans un milieu particulier, je veux dire c’est un exemple pour les autres – c’est qu’elle a choisi de donner dans l’exercice du pouvoir, de donner les responsabilités aux femmes, alors qu’elles étaient traditionnellement dévolues aux hommes, les femmes étant de simples assistantes ou secrétaires etc. Elle a décidé de renverser la vapeur. Je ne dis pas que c’est possible partout, dans toutes les entreprises et dans tous les pays, mais c’est un exemple. Parce que si ça marche, et ça devrait marcher, parce qu’il n’y a pas de raison que les femmes soient incompétentes, c’est un exemple pour le reste de l’humanité.
Donc ça veut dire aussi comme message aux femmes : de ne pas obéir, j’allais dire à ce réflexe qui est inculqué- ce n’est pas un réflexe naturel – inculqué dès l’enfance, de dire : « ah ! Mais non jamais je n’y arriverai, ça c’est du domaine des hommes, non je préfère le leur laisser » etc… Il faut accepter de se lancer hardiment dans l’entreprise. Et c’est cette hardiesse que je recommanderai aux femmes d’aujourd’hui (…)
Pour les femmes de Liberty j’aurais énormément de mal à parler à leur place ou à leur envoyer un message, parce que, encore une fois, quand on est bien à son aise dans un appartement parisien loin des conflits, loin des combats, loin des problèmes d’assurer la vie au quotidien, il est presque présomptueux de vouloir leur dire quelque chose. Parce qu’en fait, on n’a plutôt qu’à les écouter et à prendre exemple sur elles. Je pourrais simplement ajouter quelque chose, ce à quoi je crois beaucoup c’est à la fierté, c’est-à-dire que non seulement il faut avoir la hardiesse, qu’elles ont, et avoir toujours la fierté d’être ce qu’elles sont et de le faire connaître et de le faire savoir haut et fort, y compris à leurs bourreaux (…)
« Pour les jeunes filles d’aujourd’hui, les jeunes filles et les jeunes femmes – je ne dis pas que pour les autres les jeux soient faits, elles peuvent toujours lutter – mais pour les jeunes filles qui sont pleines d’espoir et d’espérance et qui voudraient avoir une vie, non pas de rêve, mais la vie dont elle rêve- ce qui n’est pas exactement la même chose – je leur dis : n’abandonnez jamais vos rêves. Jamais ! »
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