A l’occasion de la Journée internationale des droits humains
Intervention de Maryam Radjavi dans une audition de la commission des droits humains du Sénat italien
Madame la Présidente, chère sénatrice Pucciarelli,
Honorables sénateurs,
Je vous remercie pour l’attention que vous portez aux graves violations des droits humains subies par le peuple iranien, ainsi que l’initiative de Madame la Sénatrice Pellegrino pour l’organisation de cette session.
À la veille de la Journée internationale des droits humains, nous renouvelons l’engagement du peuple iranien et de sa Résistance pour faire aboutir la cause des droits humains en Iran.
Face à un régime qui est le plus féroce ennemi de l’humanité dans le monde actuel, le message de notre Résistance est de restaurer l’humanité enchaînée. Plus de 100 000 martyrs pour la liberté, y compris les 30 000 prisonniers massacrés en 1988, représentent le prix que le peuple iranien a payé pour cette cause.
Le grand martyr des droits humains en Iran, le Professeur Kazem Radjavi, assassiné par des terroristes envoyés par le régime non loin du Palais des Nations à Genève, disait : « Nous écrivons l’histoire des droits de l’homme avec notre sang. »
Hossein Naghdi, le représentant du Conseil national de la Résistance en Italie, assassiné à Rome par des terroristes du régime, a également sacrifié sa vie pour cette cause.
Face à un régime d’exécutions et de massacres, qui depuis 46 ans maintient son existence en détruisant les droits humains, notre résistance s’est dressée pour bâtir une société où il n’y aura plus de place pour les exécutions et les tortures.
La campagne Non aux exécutions, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Iran, est un mouvement puissant qui avance dans cette direction : Non à la pendaison quotidienne des jeunes, non à l’exécution des femmes, non à un régime de potences.
Depuis 45 semaines, des prisonniers politiques dans 25 prisons mènent une grève de la faim chaque mardi pour protester contre la peine de mort.
Le 13 novembre, des femmes et des hommes incarcérés dans les prisons d’Evine et de Qezel-Hessar ont crié : « D’une même voix, d’un même engagement, nous lutterons jusqu’à l’abolition de la peine de mort. »
C’est ce cri qui montera dans le soulèvement organisé du peuple iranien pour renverser la tyrannie religieuse.
Bilan des violations des droits humains en Iran
Chers amis,
Les violations des droits humains est une guerre qui attaque quotidiennement tous les aspects de la vie individuelle, sociale, intellectuelle et culturelle en Iran. Une répression tous azimuts, organisée et permanente qui piétine chaque jour les 30 articles de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Parmi ces violations figurent :
• L’emprisonnement d’au moins un demi-million de prisonniers politiques au cours des quatre dernières décennies,
• L’utilisation de dizaines de méthodes de torture contre eux,
• La fusillade ou la pendaison de dizaines de milliers d’opposants politiques.
Ce bilan est décrit par le Rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme en Iran, M. Javaid Rehman, comme la commission des pires et des plus flagrantes violations des droits humains de notre mémoire vivante. »
Le 30 novembre, le pouvoir judiciaire du régime a condamné à mort six prisonniers politiques après des mois de torture, sous l’accusation d’« appartenance à l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran. » Au cours des deux derniers mois, trois autres personnes ont été condamnées à mort pour une accusation similaire. Ces derniers mois, de nombreux prisonniers du soulèvement, ainsi que des compatriotes Baloutches, Kurdes, Arabes et sunnites, ont également été condamnés à la peine capitale.
Le nombre total d’exécutions au cours des onze derniers mois dépasse 870 personnes. Des milliers d’autres se trouvent sous le coup d’une condamnation à mort. Bien que ces condamnations soient prononcées sous divers prétextes, il s’agit en fait d’exécutions politique car leur objectif principal est de maintenir en place le régime des mollahs.
Amnesty International a justement qualifié les prisons du régime d’ « abattoirs ». [1]
Depuis le début du mandat du président du régime, au moins 560 personnes, dont 20 femmes, ont été exécutées. Le 8 octobre dernier, il a lui-même explicitement soutenu ces exécutions. Les agressions sexuelles contre les prisonnières constituent une tragédie majeure de ces quatre dernières décennies, qui perdure encore aujourd’hui. La mission d’établissement des faits des Nations unies, qui a documenté ces agressions ainsi que d’autres formes de violence sexuelle et sexiste, souligne que « la discrimination structurelle généralisée contre les femmes et les filles a conduit à de graves violations des droits humains par le gouvernement iranien, dont beaucoup relèvent de crimes contre l’humanité. »[2]
Les privations et les injustices de toutes sortes envers les femmes se poursuivent comme durant les 46 dernières années. Douze ministères et 20 institutions sécuritaires et politiques sont impliqués dans la répression des femmes et l’imposition du port obligatoire du voile. La nouvelle loi criminelle, inhumaine et anti-islamique du régime concernant le voile obligatoire est en contradiction avec la Déclaration universelle des droits de l’homme et les conventions internationales, notamment celles relatives aux droits des femmes. Avec cette loi répressive, Khamenei cherche à enchaîner la société, et en particulier les femmes, qui sont à l’avant-garde de la lutte contre le fascisme religieux. Sa mise en vigueur mobilise les forces répressives comme la police, le ministère du Renseignement, les Gardiens de la Révolution, la milice du Bassidj et la moitié des ministères.
Notre réponse à ce régime misogyne est la suivante : Non au Voile Obligatoire, Non à la Religion Obligatoire, Non au Gouvernement Obligatoire
Chaque année en Iran, plus d’un million et demi de personnes sont arrêtées. Dans un pays où les infrastructures économiques, éducatives et sanitaires sont systématiquement détruites, et où le régime est même incapable de fournir l’électricité nécessaire à la population, la construction de prisons et de centres de torture prospère.
Malgré cela, la surpopulation carcérale atteint 2 à 4 fois la capacité officielle des prisons. Une organisation non gouvernementale a décrit le traitement des prisonniers par ce régime comme des « formes contemporaines d’esclavage » dans une déclaration publiée par le Secrétaire général des Nations unies. [3]
Parmi les punitions les plus atroces infligées aux victimes de la pauvreté et de l’oppression figure l’amputation des doigts. Le 29 octobre, à la prison d’Oroumieh, deux membres d’une même famille ont eu les doigts coupés. Cinq autres prisonniers de cette prison et huit à Téhéran attendent de subir cette peine inhumaine.
Le pays s’est transformé en une vaste prison : La liberté d’expression est interdite. La liberté de la presse est interdite. La liberté de rassemblement et l’activité des partis et des organisations sont interdites.
Pas moins de 20 types de forces policières sont mobilisés pour imposer ces interdictions. L’une d’entre elles, appelée Police FATA, est chargée de réprimer les internautes sur les réseaux sociaux. Dans chaque province, au moins 17 institutions espionnent et sanctionnent les internautes.
Même les municipalités, en particulier celle de Téhéran, jouent un rôle direct dans les opérations permanentes de répression et de contrôle de la société.
La vérité est que les droits humains en Iran, tout comme la paix et la sécurité dans la région et dans le monde, dépendent du changement et du renversement du régime des mollahs.
Cet objectif ne peut être atteint que par le peuple iranien et sa Résistance et le monde doit se tenir à leurs côtés.
Initiative pour arrêter les exécutions en Iran
Au nom du peuple iranien et de sa Résistance, je demande à l’Italie et à l’Union européenne :
• De conditionner leurs relations diplomatiques et commerciales avec le régime des mollahs à l’arrêt des exécutions et de la torture, et de mettre fin à l’impunité des dirigeants du régime.
• D’émettre des mandats d’arrêt internationaux contre Khamenei et les autres responsables de crimes contre l’humanité et de génocide, en s’appuyant sur la compétence universelle en matière judiciaire.
• De contraindre le régime des mollahs à accepter une délégation d’enquête internationale pour visiter les prisons iraniennes et rencontrer les prisonniers, en particulier les prisonniers politiques.
• D’inscrire le Corps des gardiens de la révolution (CGRI), principal instrument de répression des droits humains, sur la liste des organisations terroristes.
Je demande à l’Italie, qui a été à l’avant-garde de la lutte pour l’abolition de la peine de mort dans le monde, de prendre l’initiative pour faire cesser les exécutions en Iran.
Je vous remercie.
[1] – AFP, 4 avril 2024
[2] – Communiqué de presse de la mission d’établissement des faits du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, 8 mars 2024
[3] – Site de l’ONU, UN.org, 29 aout 2024
- Étiquettes : Droit de l’homme, femmes en Iran, Moudjahidine du peuple (OMPI), régime Iranian