Discours de Maryam Radjavi à la conférence internationale de Paris
Je remercie l’honorable président de cette conférence pour son intervention et je remercie profondément chacun d’entre vous pour l’attention et le soutien que vous avez apportés aux Achrafiens.
Les pressions du régime des mollahs pour anéantir sa principale opposition, le sujet-même de cette conférence, s’inscrit dans la politique malveillante que les mollahs déploient pour conserver leur pouvoir chancelant. Dans les vingt premiers jours de l’année, les mollahs ont battu leur record en exécutant 43 personnes. Beaucoup d’autres attendent dans le couloir de la mort. Ils ont aussi condamné à mort trois détenus politiques sympathisants de l’OMPI. Les dirigeants du régime parlent encore de l’arrestation de 32 membres influents de l’OMPI, accusés d’avoir dirigé les soulèvements de 2009. Il s’agit de préparer le terrain à d’autres exécutions. Parallèlement, les gardiens de la révolution, les pasdaran, parlent dans leur média d’une solution militaire pour Achraf. Les attaques à la roquette contre le camp s’inscrivaient dans cette politique.
Pour boucler le climat social, les mollahs cherchent à couper les lignes internet de l’Iran avec le monde. Le parlement des mollahs vient d’adopter une loi sanctionnant ceux qui utilisent des équipements de réception de chaines satellites : de 6 mois à 2 ans de prison et 74 coups de fouet.D’autre part, le régime du guide suprême a vivement intensifié ses menaces et son terrorisme : Des attentats faisant de nombreuses victimes en Irak, des manœuvres militaires en vue de fermer le détroit d’Ormuz, le début de l’enrichissement d’uranium à 20% et des menaces contre les pays voisins arabes.
Cet aventurisme cherche d’une part à faire chanter la communauté internationale et d’autre part à maitriser une société dont les femmes et les jeunes insurgés guettent la reprise de la révolte. Surtout que les mollahs craignent de voir des troubles lors de la prochaine mascarade électorale. Ces déclarations belliqueuses servent aussi à dissimuler la banqueroute économique du pays. La croissance est nulle et l’inflation atteint ce mois-ci 40%.Oui, tout ceci sert à maintenir debout un régime dont le cercle dirigeant est en proie à des divisions sans précédent et dont les défections et l’usure affectent tous les niveaux du pouvoir, notamment dans le corps des gardiens de la révolution. Malheureusement, c’est dans de telles conditions que les gouvernements occidentaux et particulièrement les Etats-Unis continuent à rechercher une forme de complaisance et de connivence avec le fascisme religieux.Dans quelle politique apparait cette complaisance ?
– En gardant le silence sur les violations des droits de l’homme.
– En se contentant d’oppositions purement formelles
– En bâclant le dossier de complot du régime pour assassiner des ambassadeurs étrangers à Washington.
– En laissant trainer les sanctions.
– Et en faisant croire que le programme atomique du régime est sans danger.
Et beaucoup d’autres paramètres.Mais le cœur battant de cette politique est l’insistance pour maintenir de manière illégitime l’OMPI sur la liste du terrorisme. Cette inscription affaiblit la volonté de la communauté internationale pour faire preuve de fermeté contre le banquier central du terrorisme. Tant que le l’OMPI restera injustement inscrite sur la liste noire du département d’Etat américain, le régime des mollahs aura la certitude que ses menaces ne rencontreront aucune réaction de fermeté.
De ce point de vue, c’est un leurre ou une illusion de croire qu’une politique qui entrave la plus grande et la mieux organisée des oppositions à ce régime, peut en même temps être capable de fermeté face à ce régime.
C’est un leurre ou une illusion de croire qu’une politique, qui avec cette inscription dans la liste noire participe à la répression du peuple iranien, peut en même temps empêcher le régime de se doter de l’arme atomique.
Il serait bon que j’aborde la question des sanctions contre la dictature religieuse, qui est devenue aujourd’hui une requête internationale. L’Union européenne a aussi l’intention de prendre une décision dans trois jours. Nous nous sommes toujours réjouis de l’application de sanctions, en particulier de l’obstruction de la Banque centrale et des sanctions pétrolières contre ce régime. Pourtant nous savons que pour maitriser le danger atomique des mollahs, ces sanctions doivent être accompagnées d’un soutien à la lutte du peuple iranien pour un changement de régime. Toutefois, la décision de l’Union européenne et les amendements de la Chambre des Représentants et du Sénat américains interdisant les transactions pétrolières avec le régime, constituent un grand pas en avant.
Mais la politique de complaisance du gouvernement américain actuel et d’hésitation du reste des gouvernements occidentaux affaiblissent cette décision pour retarder les échéances et pour opter en faveur d’une politique dont le critère est de ne pas fâcher le fascisme religieux.
Et c’est là que nous lançons un appel à corriger cette politique erronée. Corriger cette politique en son point crucial, cela commence par mettre fin à cette inscription illégale sur la liste noire. Cette inscription a servi de prétexte au gouvernement irakien pour commettre deux massacres à Achraf ces trois dernières années et sert aussi de prétexte à de très nombreuses exécutions en Iran. Cependant, la radiation de l’OMPI de cette liste ne favorise pas uniquement les intérêts du peuple iranien, mais contribue aussi à corriger une politique catastrophique et sert la paix et la sécurité à travers le monde.
Chers Amis,
Trois semaines après l’annulation de la date boutoir de 31 décembre, je voudrais vous exprimer mes félicitations car vous êtes les avant-gardes de cette campagne internationale. Vous avez réussi a pousser les Etats Unis, l’Europe et l’ONU d’adopter une politique juste. C’est pourquoi dès que les dirigeants occidentaux décident d’obtenir une politique juste vis-à-vis l’Iran, ils doivent forcement prendre votre chemin.Trois semaines après la signature du protocole d’accord entre le gouvernement irakien et l’ONU sur le transfert en toute sécurité et toute liberté des Achrafiens vers un nouveau site, le premier ministre irakien a fait ouvertement une croix dessus. Il a précisément menacé que si tous les Achrafiens n’avaient pas quitté l’Irak dans quatre mois, le gouvernement irakien entrera lui-même en action. Il a une fois de plus mis l’accent sur des mandats d’arrêts frauduleux contre 121 Achrafiens. Des mandats dénués de la moindre valeur légale, montés de toutes pièces par le régime iranien et donné au gouvernement sous son influence en Irak. Des mandats qui, comme la Résistance iranienne l’a dénoncé hier, ne portent ni date, ni le nom du juge, ni numéro. N’oublions-pas que le contenu principal du protocole d’accord sur lequel le secrétaire général de l’ONU, la secrétaire d’Etat américaine et les autres gouvernements mettent l’accent, est le respect de la sûreté et de la sécurité de l’ensemble des Achrafiens jusqu’à leur transfert au camp Liberty et de Liberty vers un pays tiers. Avec ces déclarations, le premier ministre irakien met à bas l’essentiel du protocole.Menacer d’attaque, d’arrestation, construire une prison entourée de murs élevés dans le nouveau camp, où il n’y a pas d’eau potable et on ne peut pas entrer ou sortir librement, et imposer un déplacement forcé, voilà les éléments d’un plan agréable pour les mollahs. Ce que le gouvernement irakien essaie de mener sous couvert de souveraineté, c’est la politique du guide suprême du régime iranien pour démanteler la principale force d’opposition à ce régime. Mais comme l’a dit ces derniers jours le dirigeant de la résistance, Massoud Radjavi : « Si quelqu’un pense pouvoir démanteler l’OMPI, il se trompe. Si quelqu’un pense que l’OMPI va abandonner le renversement du régime du guide suprême, il se trompe. Quels que soient le lieu et les circonstances, le renversement de ce régime est notre droit inaliénable et celui de notre peuple », et cela se fera.
Chers Amis,
Avant de laisser filer le temps pour trouver une solution, il nous faut avertir que le régime des mollahs et le gouvernement irakien sont en train d’abuser de manière dangereuse des organes de l’ONU pour faire passer les Achrafiens d’une situation menaçante à une situation catastrophique. Il ne faut pas que la confiance faite à l’ONU devienne, sous le jeu du gouvernement irakien, un instrument afin de construire une prison dans une base pour les habitants d’Achraf.Le monde est témoin que le gouvernement irakien ne veut, ni ne peut tenir les promesses qu’il a faites à l’ONU et à la communauté internationale. Mais la question essentielle est de savoir pourquoi l’ONU garde le silence là-dessus ? Face à une telle fourberie, l’Onu ne doit pas permettre au gouvernement irakien de réduire à l’extrême la superficie du nouveau camp. Conformément à leurs responsabilités et au principe de la responsabilité de Protéger (RdeP), la MANUI, le HCR et l’ONU doivent s’opposer à tout déplacement forcé, lancer des avertissements à cet égard et agir.Nous nous sommes appuyés sur la déclaration du 26 décembre de M. Ban Ki-moon qui soulignait que « toute violence ou solution contraignante sera inacceptable ». Les Achrafiens n’ont pas pris part à la signature du protocole d’accord, n’ont aucune idée de leur nouveau site de résidence et ne sont pas d’accord avec ses conditions infâmes et carcérales. Ce déplacement forcé dans son ensemble est imposé, chacun de ses détails est une contrainte, tout est infligé.L’ONU dispose de la plus haute confiance, des plus hauts pouvoirs et in fine de la plus haute responsabilité dans cette affaire. Aussi, l’ONU se sent tellement maître de ses pouvoirs, qu’elle signe un accord avec le gouvernement irakien sur le sort des Achrafiens sans les en avertir et sans leur assentiment. Aussi, lorsque le gouvernement irakien mène une politique de sabotage, elle ne doit pas se soustraire à ses responsabilités.Et cinq mois après la demande d’asile de chacun des Achrafiens, pourquoi ne voit-on aucun effet du rôle de facilitateur pour déterminer leur statut de réfugié ? Pourquoi le gouvernement irakien a-t-il réussi à faire obstacle au travail du HCR ? Pourquoi avoir perdu autant de temps ? Il est tout à fait essentiel que le HCR ne retarde pas plus longtemps le travail de détermination du statut de réfugié des Achrafiens.Les conditions d’urgence que connaissent les Achrafiens, l’extrême lenteur du processus de leur transfert et les obstacles que pose le gouvernement irakien, font que le HCR doit adopter la méthode de détermination collective en une seule fois du statut de refugié pour les Achrafiens. Il s’agit d’une étape indispensable pour garantir la sûreté et la sécurité des Achrafiens face à de multiples dangers incontrôlables. Actuellement, le gouvernement irakien exerce des pressions sur le HCR pour qu’il choisisse entre le mauvais et le pire. Le HCR ne doit pas avaliser cette situation qui ne répond à aucune norme des conditions de vie actuelle des Achrafiens. De plus, il me faut à nouveau insister sur la nécessité de fournir les assurances minimales nécessaires : Un transfert sécurisé et en toute liberté avec des garanties suffisantes pour préserver les habitants de toute persécution et de toute arrestation. Un transfert avec leurs véhicules et leurs biens meubles dans un lieu dont la superficie est suffisante pour un camp de moyen terme.Dans sa déclaration du 25 décembre, la secrétaire d’Etat américaine soulignait que pour réussir ce déplacement, il fallait avoir le plein accord des habitants du camp d’Achraf. Conformément à cette déclaration, je demande aux Etats-Unis de faire obstacle à un déplacement forcé et de ne pas laisser l’ONU céder aux contraintes du gouvernement irakien. Il n’y a aucun doute que les Etats Unis est particulièrement responsable pour la sécurité et la bien être des résidents d’Achraf et ils seront comptable pour ses engagements légitimes et morales à cet égard. Ne laissez pas l’échec effroyable et douloureux de l’ONU en Bosnie se répéter avec les Achrafiens.Le Secrétaire général de l’ONU a constamment souligné sur un déplacement volontaire des résidents avec une solution pacifique et durable qui se continent en même temps la souveraineté d’Irak et les droits de l’homme et la loi humanitaire internationale pour les résidents.
Mais ce qui se passe sur le terrain a beaucoup de différence avec les déclarations de Secrétaire général.
Ce qui est maintenant préparé est un camp de concentration et pas un camp de réfugié. A présent que le gouvernement irakien a foulé au pied le sens du protocole qu’il a signé, je demande à l’ONU de faire un rapport à ce sujet au Conseil de Sécurité et d’obtenir de nouvelles garanties pour sauver cette solution. Et enfin, je dois rappeler le discours récent de M. Ban Ki-moon à Beyrouth : « L’ordre ancien est en ruine : la loi d’un seul homme et la perpétuation des dynasties familiales, le monopole de la richesse et du pouvoir, la réduction au silence des médias, la privation des libertés fondamentales. Le peuple dit à tout ça : Assez, ça suffit ! »
Oui, ça suffit ! En Iran aussi, l’ère du fascisme religieux touche à sa fin et l’Onu et la communauté internationale et surtout les Etats Unis doivent se placer aux côtés du peuple iranien et de sa résistance.
Je vous remercie.
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