Discours en hommage de Danielle Mitterrand
Le symbole le plus noble de la défense des droits de l’homme dans le monde contemporain, la voix de la conscience de la France, protectrice et grande amie des Moudjahidine d’Achraf nous a quittés.
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Nous sommes réunis pour saluer la mémoire de notre chère Danielle Mitterrand. Une grande femme, symbole éternel et flamme qui éclaire le chemin du combat et de la résistance pour la justice et la défense des droits de tous les opprimés dans le monde. Elle était vraiment la conscience éveillée de la France et de tous les hommes et les femmes libres.
Une conscience et une passion qu’elle a traduites dans sa fondation France Libertés, arbre généreux dont les branches s’étendent sur toute la terre et dont les fruits apportent l’espoir et la joie dans les cœurs des opprimés.
Elle était l’amie et le grand soutien des résidents d’Achraf. Je suis endeuillée et attristée, avec sa famille et le peuple français, ainsi que tous les résidents d’Achraf et les membres de la Résistance.
Danielle appartient à la France, au monde entier et à l’humanité. En fait, elle n’était pas seulement la première Dame de France, mais la première Dame des droits de l’homme et sentinelle de la liberté dans le monde et je lui avais écrit une lettre pour le lui dire.
Son courage, sa grâce, sa volonté de résister, son engagement pour ses principes et ses efforts sans relâche jusqu’à son dernier souffle, l’ont transformée en symbole plein de promesse qui ouvre la voie et inspire des générations. Elle adorait la vie. C’est pourquoi elle faisait tout pour que les autres puissent aussi bénéficier de ce qu’elle adorait, en premier lieu la liberté. Elle voulait tout pour tous.
C’est pourquoi, dès 17 ans, notre chère Danielle a choisi d’entrer dans les rangs de la résistance française pour combattre les nazis et depuis elle n’a jamais cessé, et a été un grand soutien de François Mitterrand.
A cause de sa positon, elle a connu, comme elle disait, les tapis rouge de ce monde, mais c’est avec tout ça qu’elle a compris qu’il fallait se battre de plus en plus en faveur des opprimées, des oubliés et des victimes de l’injustice. C’est pourquoi elle était le plus grand soutien de notre Résistance et des Achrafiens. Elle était présente dans tous les moments difficiles et la première à se révolter.
Vous savez qu’en mai dernier, la justice française a prononcé un non-lieu pour l’accusation de terrorisme contre la Résistance iranienne. En réalité ce verdict a été rendu par Danielle Mitterrand trois jours après l’attaque du 17 juin 2003 contre les bureaux du CNRI. Elle était alors aux côtés de Jean-Pierre Béquet, le maire d’Auvers-sur-Oise, venu défendre la résistance.
Ce jour là, elle a déclaré que l’accusation de secte et de terrorisme contre la Résistance iranienne n’est que de la propagande mensongère et des allégations sans fondements. Oui, c’était la vraie justice de la France qui avait pris la parole.
En septembre dernier, elle a envoyé un message à une conférence sur Achraf au siège des Nations Unies à Genève. Elle a écrit ce message sur son lit d’hôpital. Ce n’était pas seulement pour cette conférence. C’était pour l’humanité emprisonnée et encerclée de murs. Les murs de l’humiliation et de la répression, les murs de l’épuisement et de la lâcheté. Un message pour l’humanité qui doit trouver sa véritable place dans le monde.
Et en même temps ce message apportait la bonne nouvelle que les criminels ne peuvent pas étouffer la Résistance d’un peuple. La bonne nouvelle que malgré les murs et les barrages, l’espoir revient très vite. La bonne nouvelle que l’amour de la vie et le rêve d’un monde juste garantissent la paix et la sécurité pour tous.
Mais qui à part Danielle Mitterrand a compris et exprimé la raison de la persévérance des résidents d’Achraf ? Elle a dit : « dans un camp il ne s’agit pas de survivre pour soi, mais pour les autres ». Elle envoyait clairement aux Achrafiens ce message : Résistez, restez où vous êtes, c’est votre droit. Oui, Ce jour là, avec son message, sans doute l’un des derniers, elle a laissé un testament pour nous et pour tous les être humains afin de nous montrer comment il faut tracer l’avenir. Elle a dit à « ses chers et tendres amis d’Achraf que leur sacrifice prépare l’avenir. Et que ce n’est pas le seul prix qu’ils ont payé : Il faut aussi compter avec l’exemple qu’ils donnent à tous les opprimés et le message d’espoir écrit avec leur sang qu’ils adressent à l’humanité. »
Notre chère Danielle maintenant nous a quittés, alors que les Moudjahidines d’Achraf ont plus que jamais besoin de son soutien et de son aide. Car les criminels disent tous les jours qu’ils veulent anéantir les Achrafiens.
Je ne me résous pas dire que Danielle nous a quittés. Cette conscience éveillée qui voulait, comme elle disait, témoigner de la dévastation du monde par le pouvoir et la richesse. Ce courage impressionnant qui a défié les puissances en faveur de la justice. Cette humanité généreuse et sage, cet esprit révolté et impatient et fer de lance de la protection des opprimés pour la liberté n’est pas mort. Elle continuera son combat. Elle était le vrai symbole de la liberté, égalité et fraternité de la France.
Oui, je la vois parmi vous, parmi les Français qui se dressent aux cotés des opprimés et parmi toutes les femmes et tous les hommes épris de liberté dans le monde. Je suis sure que les âmes nobles de ce pays et de toute l’Europe continueront son chemin. Alors il faut rappeler son appel de juin 2004 : « J’appelle tous les Français à écouter leur conscience de citoyen en se révoltant contre cette injustice qui a été imposé à ce mouvement ».
Je dois dire aussi que la présence et les activités de France Libertés partout dans le monde pour les droits des victimes et des opprimés sont impressionnantes. J’adresse tous mes vœux de succès à Michel Joli, son secrétaire général, et à Emmanuel Poilane, son directeur, qui ont mené de la meilleure façon cette fondation dans la fidélité aux valeurs de Danielle Mitterrand. Je suis sûre qu’ils poursuivront ses aspirations et ses objectifs. Je vous adresse toutes mes condoléances à vous et au personnel de la fondation.
J’adresse aussi toutes mes condoléances à la famille Mitterrand, à Gilbert et à Jean-Christophe.
Je vous remercie.
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