04 Déc 2021

Danielle Mitterrand, un lien éternel avec Cluny

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Danielle Mitterrand, un lien éternel avec Cluny

Ce samedi, les dix ans de la disparition de Danielle Mitterrand seront célébrés à Cluny, la ville où elle repose. L’ancienne Première dame, arrivée dans la cité abbatiale avec ses parents pendant la guerre, est restée toute sa vie profondément attachée à cette ville de Saône-et-Loire.

Par Adrien WAGNON – 26 nov. 2021 à 21:17 | mis à jour le 27 nov. 2021 à 17:31 – Temps de lecture : 7 min

Simplicité et élégance

« À la Pentecôte, lors du pèlerinage du président à Solutré , on voyait du beau monde, se rappelle Robert Rolland. Il y avait Roger Hanin, le beau-frère de Danielle Mitterrand, Jack Lang bien sûr, mais aussi Pascal Sevran. Une année, on a même vu Dalida ! » Mais ces visites ultra-médiatisées du couple présidentiel étaient finalement assez éloignées de la « simplicité » dégagée par Danielle Mitterrand lorsqu’elle revenait seule dans sa « ville de cœur », quatre ou cinq fois par an. « Elle allait régulièrement dans la librairie tenue par ma mère », raconte Bruno Marguery, un Clunisois féru d’histoire, président des Amis du musée d’art et d’archéologie de Cluny. « Elle était discrète et très simple dans le magasin et quand elle se promenait en ville. »

Un grand pouvoir

Cette simplicité n’empêchait pas la Première dame de posséder un grand pouvoir. « Elle nous a aidés à obtenir des financements importants pour des projets patrimoniaux, relate Robert Rolland. Plusieurs fouilles archéologiques ont été financées par l’État grâce à elle. » Pendant plusieurs années, Danielle Mitterrand a également permis à des écoliers clunisois de découvrir Paris. « Une classe était conviée pour une visite VIP de l’Élysée, assure Colette Rolland, la femme de l’ancien maire de Cluny. Les enfants allaient également sur le tournage de Navarro (la série policière de TF1 dans laquelle jouait Roger Hanin, NDLR). »

Son futur mari rencontré dans le maquis

Danielle Mitterrand était attachée à Cluny car la cité millénaire hébergeait son histoire familiale. En 1940, le père de Danielle Mitterrand avait trouvé refuge à Cluny, alors en zone libre, après avoir refusé de dénoncer les élèves juifs du collège où il travaillait. Résistant de la première heure, Antoine Gouze a transmis ce goût pour la liberté à ces enfants. Danielle s’est rapidement trouvé un rôle dans le maquis de Cluny. En 1943, elle y rencontre le capitaine Morland, qui n’est autre que François Mitterrand, son futur mari.

Aujourd’hui, une école porte son nom

Ce lien incassable avec la Résistance et son histoire familiale a accompagné Danielle Mitterrand jusqu’au bout de sa vie. C’est d’ailleurs à Cluny, au cimetière de cité, qu’elle a décidé de reposer à jamais , aux côtés de sa sœur et de ses parents. Sa tombe, discrète mais élégante, lui ressemble. Pour honorer la mémoire de cette grande dame, la Ville de Cluny a choisi de donner son nom à une école. Le 7 septembre 2013, le groupe scolaire Danielle-Gouze-Mitterrand était inauguré en présence de son fils Gilbert.
Cérémonie hommage ce samedi aux écuries Saint-Hugues de Cluny
Pour illustrer le combat de Danielle Mitterrand et faire perdurer l’action de sa fondation, une cérémonie d’hommage se tiendra ce samedi 27 novembre aux écuries Saint-Hugues à Cluny de 13 h 20 à 16 h 30.
En présence de Gilbert Mitterrand, des amis et des personnalités de peuples amis du monde entier seront à l’honneur « pour rendre hommage à une personnalité libre et insoumise, profondément attachée à Cluny ». « Le programme sera rythmé par des prises de parole de personnes accueillies grâce à l’action de la fondation Danielle Mitterrand, de peuples ayant soutenu les actions de la fondation, des interventions musicales assurées par des artistes proches de Danielle Mitterrand ainsi que des projections », indique la fondation créée par l’ex-Première dame.
Cluny – Il y a 10 ans à Cluny, « même la pluie » pleurait Danielle Mitterrand
Le 26 novembre 2011 les obsèques de Danielle Mitterrand se sont tenues à Cluny. 1 000 personnes, dont de nombreuses personnalités de gauche et des anonymes, s’étaient alors rassemblées dans les jardins de l’abbaye pour lui rendre hommage lors d’une poignante cérémonie.
En parlant de la mort, Danielle Mitterrand avait un jour décrit, humblement, ce qu’elle attendait pour son dernier voyage : « Un minuscule hommage posthume, ce que j’ai fait ne mérite pas mieux ». « Hier à Cluny, l’ex- Première dame de France, militante acharnée des Droits de l’Homme, a eu droit à mieux, mais sans excès », écrivait Le Journal de Saône-et-Loire au lendemain des obsèques de celle qui était née sous le nom de Danielle Gouze 87 ans plus tôt et qui avait choisi de reposer à Cluny.

Mille chaises dans les jardins de l’abbaye

Ce 26 novembre 2011, c’est dans les jardins de l’abbaye qu’un ultime hommage, bien loin d’être minuscule, a été rendu à une femme qui fut bien plus que l’épouse du premier président de gauche de la Ve République. Ce jour-là, au son de la musique de Chopin, c’est un modeste cercueil de bois clair qui a remonté l’allée encadrée par les étudiants des Arts et métiers en grand uniforme. Le virtuose Miguel Angel Estrella est au piano et joue pour son amie. Sur les couronnes de fleurs déposées sous un portrait géant de Danielle Mitterrand on peut lire “Roger Hanin qui t’a toujours admiré” ; “À l’icône de la Résistance” ; “À Danielle Mitterrand, mère des Kurdes”. Les mille chaises installées dans le jardin sont toutes occupées. François Hollande, pas encore président de la République, est là accompagné de sa compagne de l’époque Valérie Trierweiler. De même que Martine Aubry, Manuel Valls, Jack Lang ou Arnaud Montebourg. Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture, représente le gouvernement. Même Mazarine Pingeot a fait le déplacement.

Les Kurdes rendent hommage à leur « maman »

Mais dans cette foule qui pleure une grande dame sous une petite pluie fine on compte aussi beaucoup d’anonymes. Au milieu des chaises, on aperçoit les voiles ou les bonnets traditionnels des Kurdes venus saluer leur « maman ».
Au micro, Michel Joli, secrétaire général de France Libertés, l’association fondée par Danielle Mitterrand, rappelle la vie d’engagements de cette Première dame qui a refusé de « devenir la dame patronnesse de la charité élyséenne. » « Aujourd’hui je vous assure que même la pluie pleure Danielle Mitterrand », glisse-t-il avant de céder la parole à Gilbert Mitterrand. Celui-ci évoque sa mère « fille de Cluny » et glisse quatre mots dont l’émotion semble encore résonner dans les jardins de l’abbaye 10 ans après : « Maman ne meurt pas. » Quatre mots auxquels succèdent la musique de Chopin et des chants kurdes. Danielle Mitterrand est alors conduite dans sa dernière demeure : une humble tombe du cimetière de Cluny. Sur celle-ci des roses blanches et quelques petites bouteilles colorées évoquent son ultime combat, celui de l’accès à l’eau.
Benoit MONTAGGIONI
Sa fondation poursuit ses combats
« Elle était plus qu’impliquée dans le travail de la fondation. Elle échangeait tous les jours avec le directeur de l’époque et se déplaçait tous les mois sur le terrain. Et même la veille de sa mort était encore là », se souvient Jérémie Chomette, directeur de la fondation Danielle Mitterrand. L’homme à beau n’avoir jamais travaillé avec l’ex-Première dame, c’est avec émotion qu’il s’attache à faire perdurer ses combats. Il y a deux ans, avec les nouveaux salariés de l’association, il a donc tenu à remettre le nom de la fondatrice « au centre ». “France libertés” est ainsi officiellement devenue “Fondation Danielle Mitterrand”.

Les combats d’une vie

« Il faut se rappeler que Danielle Mitterrand est d’abord une résistante, ça ancre tout son parcours de vie. Elle a toujours milité. Et à partir de 1981, elle a eu l’occasion de faire plus de choses », relate Jérémie Chomette. Devenue Première dame, Danielle Mitterrand créée d’abord trois associations avant de les réunir en une seule fondation en 1986 : « Son ambition était de lutter pour soutenir tous les peuples qui luttaient pour leur liberté. » « Elle a énormément fait pour le Kurdistan, pour l’Amérique latine, pour le Tibet, pour la fin de l’apartheid en Afrique du Sud. Elle a lutté contre le racisme, contre le sida… », liste le directeur qui évoque une « femme de terrain » qui voyageait encore au bout du monde quelques mois avant sa mort. Des combats qu’elle a menés au fin fond du Chiapas au Mexique comme au cœur de la France des déshérités. Avec sa fondation, Danielle Mitterrand a autant lutté pour l’accès à l’eau potable au bout du monde que pour faire condamner les opérateurs qui coupaient le robinet des familles pauvres de l’Hexagone.

Une fondation « radicale »

« On est une fondation qui fait partie du mouvement altermondialiste. On se bat pour la transformation de la société, pour donner vie aux utopies. Danielle a vite compris que la charité ne nous emmène pas très loin. C’est d’abord sur les causes qu’il faut agir pour participer à une réelle métamorphose du monde. » En somme une fondation autant de gauche que Danielle Mitterrand ? « C’est vrai qu’on est assez radicaux. On soutient par exemple des projets dans des ZAD comme à Notre-Dame-des-Landes ou à Bure [visée par un projet d’enfouissement de déchets nucléaires, NDLR] », sourit le directeur. Lui résume l’œuvre de Danielle d’une phrase : « Elle ne faisait rien pour elle-même, mais faisait tout pour les autres. Voilà ce qu’elle nous a légué. » Désormais, Gilbert Mitterrand, président de la fondation, fait vivre cet héritage en incitant les salariés de la fondation de sa mère « à ne jamais hésiter à être un peu plus radicaux ».

Benoit MONTAGGIONI

https://www.lejsl.com/societe/2021/11/26/danielle-mitterrand-un-lien-eternel-avec-cluny

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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