Discours au Symposium pour Achraf – Bruxelles
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
C’est un grand plaisir pour moi d’être avec vous aujourd’hui.
J’ai été très impressionnée par les orateurs précédents et par leurs points de vue sur les droits des résidents d’Achraf.
Le droit international n’est pas mon domaine de compétence. Je laisserai donc cela aux juristes éminents. Je préfère traiter de l’aspect politique de la question.
Je tiens à vous remercier et à vous dire que vos efforts ces dernières années, avec notamment des avis juridiques de qualité, ont joué un rôle clé dans la reconnaissance des droits des résidents d’Achraf.
Au moment où beaucoup préféreraient oublier Achraf, vous vous êtes levés en sa défense et opposés à l’injustice. Vous avez soutenu à juste titre que ses résidents continuent à bénéficier du statut de personne protégée en vertu de la IVe Convention de Genève et que personne ne peut le leur enlever.
Permettez-moi aussi d’ajouter que ce que vous avez fait, n’a pas été seulement en défense d’Achraf, mais aussi en défense des valeurs démocratiques et des acquis de la communauté internationale dans le domaine du droit international et la nécessité de les mettre en œuvre. Je vous exhorte à poursuivre votre campagne et à rappeler aux décideurs politiques leurs obligations.
Quand il s’agit de crimes commis par le régime des mollahs et les forces irakiennes à Achraf, je reste sans voix. J’ai assisté hier à une réunion sur l’adoption de la déclaration écrite du 25 novembre au Parlement européen. Les eurodéputés ont dit à l’unanimité qu’il s’agit d’une campagne qui continuera jusqu’à la levée du blocus d’Achraf.
Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, M. Ad Melkert, participait également hier à une audition sur l’Irak de la commission des Affaires étrangères du Parlement européen. Les eurodéputés lui ont dit que l’ONU devait remplir ses obligations vis-à-vis des résidents d’Achraf.
Hier encore, un grand nombre d’Iraniens soutenant les Moudjahidine d’Achraf ont manifesté par un temps glacial devant le Parlement européen pour appeler le représentant l’ONU à prendre des mesures immédiates pour protéger Achraf.
Ce que rapportent les résidents d’Achraf est des plus clair :
– L’histoire douloureuse d’un jeune garçon dont le père a été condamné à mort pour lui avoir simplement a rendu visite à Achraf.
– L’affaire bouleversante de cette malade du cancer que les forces irakiennes ont empêchée d’aller à l’hôpital.
– Les menaces de mort lancées jour et nuit contre les résidents par des agents du régime depuis dix mois à travers 140 puissants haut-parleurs.
Cette situation était prévisible et pouvait être évitée. Nous avons averti à maintes reprises les responsables américains que le transfert de la protection d’Achraf en Irak conduirait à une catastrophe. J’ai écrit au président Obama et à Mme Clinton en janvier et février 2009, avant le transfert officiel de la protection aux Irakiens, pour leur rappeler les dangers de cette mesure. Les juristes avaient également averti que le transfert de protection violait les obligations des États-Unis en vertu du droit international. Cependant, malgré tous les avertissements, la protection a été transférée. Et nous en avons vu le résultat.
Le transfert de la protection n’était pas simplement dû à un malentendu sur le gouvernement irakien, mais a été le résultat d’une politique erronée. La non-ingérence des forces américaines lorsqu’Achraf a été attaqué par les forces irakiennes en juillet 2009 vient également de la même politique erronée.
L’indécision actuelle d’assumer la responsabilité de la protection d’Achraf est également la poursuite de cette politique de la main tendue aux mollahs en Iran. Malgré la mise en place de sanctions, le noyau de la politique des États-Unis et de l’UE reste la complaisance avec la dictature religieuse au pouvoir en Iran. Les États-Unis n’ont pas encore mis fin à l’étiquette injuste de terrorisme contre l’OMPI qui ne sert que le régime des mollahs. C’est le cœur de la politique de complaisance et un obstacle pour le changement démocratique en Iran qui nuit à la paix et à la sécurité dans le monde.
Les mollahs ont déjà exprimé leur crainte de voir radier l’OMPI de la liste des organisations terroristes des Etats-Unis. Un responsable a déclaré la semaine dernière qu’il leur fallait faire extrader les membres de l’OMPI d’Irak avant que l’organisation ne soit retirée de la liste noire américaine.
Presque deux ans après la radiation de l’OMPI en Europe, les Etats membres de l’UE n’ont pas encore éliminé toutes les conséquences de l’étiquette de terroriste. Les États-Unis et l’UE continuent à chercher un changement d’attitude chez Ahmadinejad et Khamenei par le dialogue. Il s’agit d’un mirage.
Dans quelques jours, les 5+1 vont reprendre les négociations avec le régime des mollahs sur le dossier nucléaire. Ces négociations sont vouées à l’échec. Parce que les mollahs n’ont pas l’intention d’abandonner leur programme d’armes nucléaires. Les négociations précédentes ont permis aux mollahs d’obtenir plus de 3.000 kg d’uranium enrichi. Plus pourparlers ne feront que grossir leurs stocks d’uranium enrichi. Le régime a déclaré publiquement qu’il ne cessera pas d’enrichir de l’uranium à 20%. Les négociations ne font que donner du temps au régime pour obtenir la bombe.
Pendant des années, nous avons souligné que le régime des mollahs en Iran est la plus grave menace pour la paix et la sécurité mondiales.
Récemment, la divulgation de télégrammes américains classés montre de graves inquiétudes chez les dirigeants de la région quant aux menaces posées par le régime iranien et la nécessité d’un changement de régime. Je tiens à souligner que la seule solution réaliste est un changement par le peuple iranien et sa Résistance. Cette solution apportera la démocratie en Iran et la paix et la tranquillité dans la région.
Les mollahs veulent éliminer la principale force de la résistance, parce que la Résistance iranienne est la force motrice du changement. Le régime veut détruire Achraf, parce qu’Achraf est la source d’inspiration du peuple iranien qui désire le changement. Achraf porte un message de persévérance et d’unité contre les difficultés, et de résistance pour la liberté. C’est au peuple Iranien qu’il revient de faire changer les choses. Nous n’attendons de personne de le faire à notre place.
Mais ce que nous attendons des États-Unis et de l’Union européenne, c’est de mettre fin à la politique de complaisance. Nous appelons sur les États-Unis et l’UE à se mettre aux côtés du peuple iranien. Aux côté de ceux qui sont sous la torture en prison. Aux côté de ceux qui sont condamnés à mort pour avoir manifesté contre le régime ou avoir visité Achraf.
En ce qui concerne les résidents d’Achraf, nous voulons que la communauté internationale remplisse ses obligations. Les États-Unis sont dans l’obligation d’assurer la protection des résidents d’Achraf. L’ONU doit mettre en place une équipe de surveillance permanente à Achraf. Les États-Unis, l’ONU et l’UE devraient prendre les mesures nécessaires et immédiates pour mettre fin au blocus inhumain d’Achraf et à la torture psychologique de ses résidents.
Je vous remercie à tous.
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