Discours à la conférence sur le soulèvement en Iran, le rôle de la jeunesse et des femmes et les perspectives d’une république démocratique
Maryam Radjavi : Tout indique la fin du régime des mollahs
Discours à la conférence sur le soulèvement en Iran, le rôle de la jeunesse et des femmes et les perspectives d’une république démocratique
Chers Compatriotes,
Mesdames et messieurs les représentants des nations européennes,
Eminentes personnalités,
Demain marque l’anniversaire du déclenchement du grand soulèvement du peuple iranien. Un soulèvement qui a mis en évidence la situation de renversement du régime et a placé le peuple iranien sur le point de plonger dans une nouvelle ère de son histoire fort de quatre décennies de résistance organisée.
Le soulèvement a été déclenché par la mort d’une innocente, Jina Amini (Mahsa), sous les coups des sauvages de Khamenei dans une patrouille de répression des femmes. Le soir-même j’ai appelé à un deuil national.
Khamenei a mis un couvercle sur le baril de poudre de la colère populaire avec le coronavirus après le soulèvement de novembre 2019. Il a explicitement et officiellement interdit l’importation de vaccins d’Europe et d’Amérique afin de constituer avec la vie de 550 000 de nos compatriotes un bouclier humain contre les soulèvements. Tandis que dans les pays voisins, les pertes humaines ont été bien moindres qu’en Iran.
Bien entendu, entre-temps, des soulèvements populaires avaient commencé dans des régions telles que Tchaharmahal-Bakhtiari, Khouzistan, Lorestan et Ispahan. Les protestations de la soif et de la faim de pain, d’eau et de liberté, ont atteint leur apogée à Ispahan.
L’effondrement du bâtiment Métropole à Abadan et l’abandon des victimes innocentes sous les décombres à cause de la corruption et des fraudes lors de la construction de ce bâtiment en collaboration avec les Gardiens de la Révolution ont porté l’exaspération de la population à son paroxysme. Finalement l’étincelle a déclenché un incendie et la colère réprimée a éclaté dans tout l’Iran.
La bravoure des filles et des femmes en première ligne
Je me souviens très bien que lorsque la Résistance iranienne a annoncé le 7 novembre, au 52e jour du soulèvement, que le régime avait procédé à plus de 30.000 arrestations, personne à l’étranger n’y a cru, considérant que c’était exagéré.
Mais deux mois plus tard, le régime annonçait que Khamenei avait gracié 100.000 prisonniers, dont 30 000 étaient liés aux « troubles », surnom donné au soulèvement.
Un soulèvement au cours duquel la force consciente et rebelle a dit haut et fort ne pas vouloir de dictature sous aucune forme. Ni chah ni mollah.
Dans ce soulèvement, le monde a clairement vu que le régime qui cache son instabilité avec son bellicisme, son terrorisme, et son tapage sur les programmes de missiles et nucléaire, est en réalité assis sur une poudrière et dépourvu d’avenir.
Tout le monde a compris que les allégations comme quoi l’époque de la révolution est révolue en Iran, que la jeune génération a tourné le dos à la lutte, ou que le mouvement de résistance n’a aucun soutien social, sont de faux mythes propagés par le régime et les cercles de la complaisance.
Et lorsque des femmes et des filles courageuses – cette force majeur de changement – se sont levées en première ligne, il est devenu clair que la transformation en cours en Iran est d’une telle intensité et profondeur qu’elle conduira au renversement inévitable de la dictature religieuse et à l’avènement d’un Iran libre.
Ici, nous rendons hommage aux femmes et aux hommes d’avant-garde qui ont maintenu allumé le flambeau de la lutte contre la dictature religieuse au cours des quatre dernières décennies.
Le potentiel explosif croissant de la société
Chers amis !
Aujourd’hui, les mollahs ont lancé une vaste propagande pour raviver la politique de complaisance en affirmant que le soulèvement est terminé. Cette propagande a trouvé un écho positif auprès de ceux qui se bercent de l’illusion de relancer cette politique faillie. Or non seulement les facteurs qui ont provoqué le déclenchement du soulèvement n’ont pas diminué, mais ils ont gagné en densité et en intensité.
Premièrement, le conflit entre de la société et le régime des mollahs, évident lors du soulèvement, s’est clairement accru. Les responsables du régime affirment que chaque mois, un nombre important d’agents des organes officiels de répression sont tués par la population excédée et les jeunes en colère.
Chaque semaine, sans exception, diverses catégories manifestent comme les retraités, les travailleurs, les infirmières, les professeurs et surtout les habitants des zones défavorisées.
Deuxièmement, la résistance organisée et les unités de résistance à l’intérieur du pays, ainsi que les réseaux sociaux des Moudjahidine du peuple (l’OMPI), ont concentré leurs activités sur la destruction de l’étau de la répression, sur l’organisation de protestations et leur propagation.
Troisièmement, alors que les revenus pétroliers du régime ont augmenté, la politique de pillage des biens publics et d’appauvrissement des masses a accru le potentiel explosif et la préparation sociale aux soulèvements.
Dans une telle situation, le régime recourt inévitablement à davantage de contrôle, de répression et de resserrement.
Un exemple en est la récente vague de purges dans les rangs des professeurs d’université, qui rappelle le coup d’État de Khomeiny dans les années 1980 sous le nom de « révolution culturelle ». À cette époque, il avait fermé les universités pendant près de trois ans, puis en avait consacré plus de la moitié des quotas aux pasdarans, à la milice du Bassidj et à ses agents de la machine de la guerre Iran-Irak.
Un autre exemple est la situation des prisonniers politiques, dont la torture a été intensifiée dans les prisons de Khamenei, en particulier dans le cas des prisonniers résistants et des membres et partisans des Moudjahidine du peuple.
Un autre exemple est la répression permanente au Baloutchistan et les menaces lancées contre les groupes kurdes iraniens pour les paralyser au Kurdistan irakien.
Peur et impuissance du régime face au soulèvement
La ligne adoptée par le régime à l’intérieur et à l’extérieur de l’Iran contre l’OMPI est un autre signe clair de sa peur et de son impuissance face au soulèvement. Pour notre résistance, les mensonges, les machinations, la diabolisation et le terrorisme des mollahs ne sont pas nouveaux. Cependant, depuis le début de la nouvelle année, l’ampleur des mensonges, des complots et des marchandages, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Iran, a considérablement augmenté.
Le régime affirme avoir mis en examen l’organisation des Moudjahidine et 106 de ses membres et responsables, et préparer un procès par contumace. C’est ridicule mais vrai. Les théoriciens du régime affirment que c’est parce que cette organisation joue un « rôle spécial sur le terrain » et qu’elle a été responsable de « diriger des agents de terrain et virtuels » lors des soulèvements.
J’attire votre attention sur ce point : au cours des trois derniers mois seulement, les deux principales agences de presse des pasdarans ont publié plus de 230 fois des mensonges, des fausses informations et des calomnies contre l’OMPI.
Chacune de ces nouvelles a été publiée à son tour par 50 autres médias nationaux du régime. Ainsi, au cours des trois derniers mois, environ 12 000 fausses nouvelles ont été publiées par ces deux agences de presse contre l’OMPI.
Les attaques incessantes, de grande envergure et globales qui, selon les porte-parole du régime, sont menées en utilisant « toutes les capacités » du gouvernement, n’ont qu’une seule signification :
Les mollahs voient la perspective d’une victoire de l’alternative et de la révolution démocratique en Iran, ils en ont peur et, comme l’a dit un jour franchement Moussavi Ardebili, juge à la Cour suprême de Khomeiny, lors de la mort de Khomeiny : « ils en tremblent ». Oui, ils ont raison d’en trembler.
La voie de la révolution démocratique
Mais pourquoi le régime fait-il ces efforts désespérés ?
Il faut trouver la réponse dans les résultats et les acquis du soulèvement notamment :
– La démarcation « ni chah ni mollah » mise en avant et renforcée et le drapeau de la « république démocratique » planté sur le sommet des soulèvements.
– Les remparts du camp du peuple fortifiés contre toute forme de dictature et de dépendance, et les individus et courants jouant un double jeu dans le camp de la tyrannie et de la dépendance ont été dénoncés.
Pour résumer : tout dans le régime indique sa fragilité et son instabilité et annonce sa fin.
Quant à la résistance, le chemin de la révolution démocratique commencé il y a 42 ans, est stabilisé et élevé. En fait, il a scellé l’avenir au nom de la révolution démocratique, de l’alternative démocratique et de la république démocratique.
C’est l’orientation fondamentale et originale du Conseil national de la Résistance iranienne, fondé par Massoud [Radjavi] il y a 42 ans et selon les termes disant « nous pouvons affirmer avec certitude que contrairement à la Révolution constitutionnelle (de 1906) et à la Révolution antimonarchique (de 1979), cette fois la révolution est permanente et impossible à dérober ».
La complaisance menace la paix mondiale
Chers amis,
Les mollahs au pouvoir en Iran n’ont jamais autant ressenti la nécessité de reprendre la politique de complaisance qu’aujourd’hui. Sous les coups gigantesques des soulèvements, ils ont plus que jamais besoin de marchandages diplomatiques.
Ils tentent d’amener le monde, de l’Occident à l’Orient, à les secourir contre le peuple iranien et sa révolution démocratique.
Leurs méthodes pour faire pression sur les gouvernements occidentaux sont bien connues : prises d’otages, terrorisme, bellicisme et manœuvres avec la bombe atomique. Leur principale revendication auprès des gouvernements occidentaux est de limiter les Moudjahidine du peuple et le Conseil national de la Résistance iranienne et de fermer la voie au soulèvement et à la liberté en Iran.
L’un des imams du vendredi et hauts représentants de Khamenei a révélé que lors de négociations indirectes, les responsables du régime ont convaincu les Etats-Unis que les exigences en matière de programme nucléaire dépendaient de leur approche vis-à-vis des Moudjahidine du peuple.
Il a affirmé : « Nous avons fait clairement comprendre à l’Amérique et à l’Europe que l’OMPI constitue un obstacle à l’entente entre le régime et eux. » Cette nouvelle a été publié par les médias officiels du régime le 23 juin dernier.
Auparavant, Gharibabadi, vice-président du pouvoir judiciaire, avait annoncé que pas une réunion (avec des responsables étrangers) n’avait lieu sans que ne soit abordé la question de l’OMPI.
De son côté, le peuple iranien surveille attentivement la politique des gouvernements occidentaux, notamment :
– L’inaction face aux violations effroyables des droits humains en Iran et se contenter de déclarations verbales de condamnation.
– La non-application des sanctions limitées qu’ils ont prises à l’encontre du régime
– Et fermer les yeux sur l’utilisation par le régime des marchés européens et américains pour se procurer les pièces nécessaires à la construction de drones, de missiles et d’armes nucléaires, ainsi que du matériel de répression.
Et le plus honteux, c’est qu’ils ont offert 6 milliards de dollars en espèces à Khamenei et à ses pasdarans, qui ne vont servir qu’à la répression, à la guerre et au terrorisme.
Je dois souligner que la poursuite de la complaisance avec le fascisme religieux non seulement aide les meurtriers qui tirent sur le peuple iranien, mais elle met aussi en danger la paix et la sécurité du monde, y compris la sécurité de l’Europe elle-même.
Je le souligne : Messieurs ! N’encouragez pas les prises d’otages, la construction de drones et les diplomates terroristes poseurs de bombe ! Ils deviendront plus agressifs même envers vous.
Une bonne politique consiste à :
– Reconnaître le droit du peuple iranien à se défendre contre les gardiens de la révolution et les forces répressives.
– Relancer et activer les six résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies contre le régime.
– Soumettre le dossier des violations brutales des droits humains en Iran au Conseil de sécurité de l’ONU.
– Traduire en justice les dirigeants du régime pour quatre décennies de génocide et de crimes contre l’humanité.
– Et désigner ce régime comme une menace pour la paix et la sécurité mondiales au titre du Chapitre Sept de la Charte des Nations Unies.
Soutien d’un millier de femmes renommées dans le monde
Chers compatriotes,
Eminentes personnalités,
Je voudrais ici exprimer ma gratitude à environ un millier de femmes éminentes dans le monde, aux plus hauts niveaux de leadership politique, scientifique, artistique et social, qui, à l’occasion de l’anniversaire du soulèvement, ont publié une déclaration commune de soutien à la lutte des femmes d’avant-garde dans la Résistance iranienne et au rôle des filles et des femmes courageuses d’Iran dans le soulèvement.
Leur déclaration, ainsi que l’initiative de 3 600 parlementaires du monde entier, de 124 anciens présidents et premiers ministres, et de 75 lauréats du prix Nobel, sont un brillant exemple d’une politique correcte sur le plan international.
En défense du soulèvement du peuple iranien, toutes et tous ont souligné la nécessité d’inscrire le Corps des pasdarans sur la liste des entités terroristes, de juger les dirigeants du régime et de soutenir le programme en 10 points de la Résistance iranienne.
A la mémoire du Pr. Eric David
À cet égard, je voudrais rendre hommage à un grand homme de Belgique, le Pr. Eric David. C’était est un immense et noble penseur et une de ces voix dont le monde a grand besoin aujourd’hui.
Il a mis le droit international au service de la liberté des peuples. Pour soutenir les droits des Moudjahidine du peuple à Achraf contre le régime des mollahs et ses alliés, il n’a pas hésité à leur dédier ses connaissances et ses compétences ainsi que ses extraordinaires émotions humaines. L’histoire de la lutte pour la liberté de l’Iran n’oubliera jamais Eric David. Oui, Eric David fait partie des honneurs durables de la Belgique.
Pour finir, je tiens à souligner que c’est la croyance commune des Iraniens insurgés :
Peu importe combien les mollahs répriment, combien ils marchandent avec l’Est et l’Ouest, combien ils tissent des mensonges et complotent, lancent un procès-spectacle et s’agitent dans tous les sens, il leur sera impossible de sauver leur régime agonisant.
Les flammes de l’espoir brûlent plus que jamais dans le cœur du peuple iranien.
La détermination des filles et garçons rebelles d’Iran brille plus vivement que jamais. Et la volonté unie de notre peuple pour la liberté est plus forte que n’importe quelle puissance au monde.
C’est la glorieuse symphonie de la liberté. C’est la voix de la liberté. C’est la voix du soulèvement et la voix de la grande armée de la liberté du peuple iranien.
La révolution démocratique du peuple iranien triomphera.
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