Genève-Discours au Palais de Nations
Je suis venue à Genève pour appeler la haute commissaire aux droits de l’homme, Mme Navi Pillay, à prendre les mesures urgentes et nécessaires pour sauver la vie des otages. Le premier pas, c’est de lancer immédiatement un appel à leur libération et je ne sais pas pourquoi elle a gardé le silence jusqu’à maintenant. Garder le silence, c’est aggraver la menace qui pèse sur leur vie. Il n’y a plus de temps à perdre.
Selon les dernières informations fiables et confirmées par plusieurs sources, ils sont dans une prison près de l’aéroport de Bagdad. Ils sont aux mains d’une force qui dépend du premier ministre irakien. Ces informations ont été confirmées et recoupées auprès de plusieurs sources et certains ont pu apercevoir directement les otages.
Le gouvernement de Maliki dit ignorer leur situation pour préparer leur envoi forcé en Iran. Le régime iranien cherche par tous les moyens à garder les otages. Les mollahs vérifient avec Maliki les scénarios permettant de livrer les otages à Téhéran.
Ces otages ont le statut de personnes protégées par la quatrième convention de Genève et ils sont demandeurs d’asile. Les Etats unis avaient garanti par écrit la sécurité et la protection de ces personnes. L’ONU et Mme Pillay ont une responsabilité dans leur protection.
Ces 7 personnes, comme les 52 autres massacrées le 1er septembre, étaient restées à Achraf avec l’accord écrit des Etats Unis et de l’ONU. Je suis venu avertir que ce qui arrivera à ces otages, c’est ce qui va arriver aux 3000 autres personnes à Liberty.
D’ici, j’appelle le secrétaire général de l’ONU à ne pas garder le silence et à demander au Premier ministre irakien de libérer immédiatement les otages.
Monsieur le président,
Mesdames et messieurs,
Merci de m’avoir donné cette occasion de prendre la parole. En février dernier, je lançais d’ici même des avertissements sur la sécurité des habitants d’Achraf et Liberty et j’ai dit que si les mesures de sécurité nécessaires n’étaient pas prises, une plus grande catastrophe était à prévoir. J’ai appelé l’ONU à prendre des mesures urgentes et j’ai bien souligné qu’une indifférence soutenue aux demandes des habitants, se terminerait nécessairement par davantage de catastrophe.
Je suis à nouveau à l’ONU aujourd’hui et le 1er septembre les habitants d’Achraf ont été la cible d’un massacre programmé. Avant également, Liberty avait essuyé deux attaques à la roquette qui avaient fait des morts et des blessés.
52 Achrafiens ont été tués dans l’attaque sauvage des forces irakiennes à Achraf le 1er septembre. Certains avaient les mains liées dans le dos et d’autres, dans la clinique du camp, qui attendaient des soins, ont été exécutés d’une balle dans la tête.
Il existe des heures de film de l’assaut des forces de Maliki et des agents du régime à Achraf qui ont été prises par des téléphones portables et des cameras. J’ai parlé personnellement au téléphone avec les témoins. Les cameras de ceux qui ont été arrêtés et puis exécutés les mains liés ont été confisquées. Une de nos demandes, c’est que le gouvernement irakien nous rende les portables et les cameras confisqués.
Nous sommes face à un crime contre l’humanité. Ses commanditaires et ses auteurs doivent être traduits en justice. Les victimes avaient le statut de personnes protégées en vertu de la 4e convention de Genève, et comme le souligne le HCR, étaient des demandeurs d’asile bénéficiant d’une protection internationale.
Les forces irakiennes ont aussi enlevé sept Achrafiens et il n’existe à présent aucune information sur le sort de ces otages.
L’ONU est responsable vis-à-vis de ces otages. Le gouvernement américain est responsable. Ils sont aujourd’hui en Irak et risquent d’être déportés vers le fascisme religieux au pouvoir en Iran, d’être torturés et exécutés.
Je demande à Mme Pillay de lancer un appel à la libération rapide des otages. J’appelle les gouvernements à prendre des mesures pratiques. J’appelle toutes les ONG à agir en faveur de la libération des otages.
Si les avertissements avaient été pris en compte, le gouvernement irakien n’aurait pas osé commettre ce grand carnage et aujourd’hui ces 52 personnes n’auraient pas perdu la vie.
Des fils qui ont perdu leur père et des mères qui ont perdu leur enfant sont ici avec nous dans cette salle. Qui doit leur répondre ? Est-ce qu’on ne pouvait pas empêcher ce crime contre l’humanité ?
Les sympathisants de la Résistance ont entamé une grève de la faim pour la libération des otages. Certains sont parmi nous aujourd’hui. Je suis inquiète pour leur santé et ceux qui ont en grève de la faim à Liberty et dans les autres pays.
Je demande à l’Onu et précisément au Haut commissariat aux droits de l’homme ce qu’ils ont fait pour empêcher cette tragédie ?
Personne ne peut dire qu’il ne savait pas. Pourquoi le massacre précédent n’a-t-il pas fait l’objet d’une enquête ? Depuis le jour où la sécurité d’Achraf a été livrée par le gouvernement américain au gouvernement irakien, dans cinq massacres et douze attaques diverses, les assassins aux ordres de Maliki ont tués 112 Achrafiens et en ont blessé 1304. Quatorze également sont décédés dans les pires souffrances privés de soins en raison du blocus médical inhumain.
Le massacre du 1er septembre s’est déroulé alors qu’Achraf était totalement assiégé par les forces irakiennes et que pas même une personne ne pouvait y entrer sans leur permission. Ces allégations comme quoi des inconnus seraient entrés dans le camp sans que les forces irakiennes le sachent et auraient commis ce carnage et qu’ensuite, ils en seraient repartis, est une insulte à la raison et à l’intelligence.
Le silence face à cette énorme tromperie, sans parler des efforts pour la justifier ne serait-ce que comme une probabilité, revient à blanchir les auteurs de ce crime et à de la complicité.
Nous, nous avons présenté les commanditaires et les auteurs de cette attaque meurtrière et si une enquête impartiale est ouverte, elle fera rapidement et facilement la lumière sur la vérité.
Il existe une équation extrêmement claire. Le régime iranien traverse la pire de ses crises. Il est vivement préoccupé par l’éventualité du renversement du régime syrien ainsi que par les soulèvements populaires en Irak et le changement de rapport de force contre son gouvernement vassal dans ce pays. Par conséquent il doit éliminer au plus vite son opposition organisée. Maliki de son côté, pour rester au pouvoir, exécute à la lettre les ordres de massacrer les Moudjahidine du peuple.
J’ai annoncé par le passé à maintes reprises que l’option pour le régime iranien n’est pas le transfert des Moudjahidine dans des pays tiers. Son but c’est de les soumettre ou de les anéantir. Ces jours-ci les dirigeants du régime disent clairement que l’Ompi doit être éliminée de la surface de la terre et que tout pays qui les accueillerait doit être banni par ce régime.
Comme vous pouvez le constater, le dictature religieuse voit la garantie de sa survie dans l’élimination de l’Ompi. Par Conséquent, l’ONU et le gouvernement américain qui ont privé les Moudjahidine du peuple du droit légal et naturel de se défendre, ont des devoirs extrêmement lourds de les protéger. D’un point de vue juridique, politique, moral et international, ils sont totalement responsables de chaque goutte de sang versée à Liberty et ils doivent rendre des comptes pour n’avoir pas rempli leurs devoirs.
Mesdames et messieurs,
La tragédie c’est que ces habitants étaient restés à Achraf sur la proposition et les garanties de l’ONU et du gouvernement américain, et avec l’accord du gouvernement irakien. Dans l’accord de transfert des derniers groupes d’habitants d’Achraf à Liberty daté du 16 aout 2012, il est souligné qu’ « un certain nombre sont autorisés à rester à Achraf pour surveiller la vente des biens des habitants ».
Le 6 septembre 2012, le représentant du secrétaire général de l’ONU en Irak a présenté officiellement par écrit au nom du gouvernement irakien, au représentant des Achrafiens « la procédure finale pour le transfert des habitants du camp d’Achraf » et a écrit : « le gouvernement irakien doit assurer la protection des biens et les personnes qui restent dans le camp jusqu’à ce que la question des biens soit entièrement réglée. »
Le même jour, le représentant spécial du secrétaire d’Etat américain pour le dossier d’Achraf écrivait : « 100 personnes resteront sans aucune limite de temps en tant que gardiens des biens d’Achraf. » Le 3 octobre il déclarait aussi à l’AFP qu’il n’y « a aucune limite de temps » pour les 100 personnes qui restent à Achraf.
C’est pourquoi je suis venue aujourd’hui demander qui est responsable du meurtre des 52 Achrafiens qui étaient restés en vertu des garanties données par l’ONU et le gouvernement américain à Achraf ? Regardez le visage de ceux qui ont perdu leurs proches. Qu’est-ce que vous avez à leur répondre ?
Depuis l’époque de la signature du protocole d’accord entre l’ONU et le gouvernement irakien qui s’est passée sans la connaissance des Achrafiens, des garanties nous ont été données en permanence par l’ONU et le représentant spécial du Secrétaire général, par écrit et oralement, comme quoi si les habitants acceptent d’être transférés d’Achraf ils seront protégés. Ils disaient que Liberty éraient sûr. Le représentant spécial a annoncé officiellement aux habitants le 28 décembre 2011 qu’à Liberty « l’ONU mènera une surveillance 24 h/24 jusqu’au jour où le dernier habitant quittera l’Irak ». C’était une énorme tromperie. Il n’y a jamais eu de surveillance 24h / 24.
Ainsi la question est de savoir lorsque les roquettes s’abattaient sur les baraquements délabrés et sans protection des habitants, où étaient donc les observateurs de l’ONU ?
Lors du transfert des 42 survivants, la MANUI nous a donné un plan écrit qui avait l’accord écrit du gouvernement irakien et le soutien du gouvernement américain. Dans la pratique, aucune de ses mesures n’a été mises en œuvre. Mais l’ONU n’a pas présenté la moindre protestation au gouvernement irakien.
Un engagement a été donné qu’avec le transfert des 42 habitants survivants, les équipements nécessaires à la sécurité du camp Liberty, comme les murs en T de protection, seraient mis en place. Mais deux semaines après, seulement un nombre limité de murs en T ont été amenés dans le camp et leur installation n’a pas été autorisée.
Les habitants ne sont pas autorisés à transférer d’Achraf leurs casques et leurs gilets de protection, ni les équipements médicaux. La question est de savoir pourquoi face à ces claires violations d’engagement, l’ONU reste silencieuse ?
La vérité c’est que la garantie de la sécurité de la part de l’Irak n’est qu’un mirage. La véritable signification de la sécurité par l’Irak c’est uniquement un massacre. Et la question est de savoir si l’ONU et ses Etats membres veulent empêcher un autre carnage ou pas ?
Il est également clair qu’ignorer les équipements de sécurité des habitants à Liberty et les faire dépendre du mirage de la réinstallation ne signifie que se réjouir d’autres tragédies à venir.
Avec tous les efforts que nous avons déployés avec le HCR de 2011 à aujourd’hui, seules 221 personnes ont été transférées hors d’Irak.
Il est temps aujourd’hui de prendre des mesures pratiques et publiques.
1- Avant toute chose, la communauté internationale, et particulièrement les USA et l’ONU doivent agir pour faire libérer les otages. Le gouvernement irakien doit savoir qu’il ne peut pas bénéficier de nombreux avantages tirés des relations avec la communauté internationale et en même temps commettre les pires crimes comme des massacres, des enlèvements et des prises d’otages.
2- Tant que tous les habitants n’auront pas été transférés en Europe ou aux USA, la protection des habitants passe par l’installation permanente d’une équipe d’observateurs et d’une unité de casques bleus de l’Onu à l’intérieur de Liberty. Sans la présence d’une troisième force à Liberty on ne peut imaginer la moindre sécurité. Il faut installer en même temps 17.500 murs en T et transférer les équipements de protection comme les gilets et les casques, et les équipements médicaux à Liberty.
3. Le droit à la propriété des résidents sur leurs biens meubles et immeubles ainsi que la permission de vendre leurs biens sous la supervision de sénateur américain Robert Torricelli leur représentant légal doivent être garantis.
4. Le Haut commissariat aux droits de l’homme doit mener une enquête indépendante sur le massacre d’Achraf dans un temps déterminé. C’est la garantie qui empêchera une autre attaque.
Je vous appelle tous à nouveau à tout faire pour la libération des otages.
Je vous remercie.