Conférence de Paris-La victoire de la justice
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
La justice a enfin vaincu la politique de complaisance et de marchandage. Le juge d’instruction vient de prononcer un non-lieu sur les accusations de terrorisme.
Une fois de plus, la légitimité de la Résistance iranienne pour la liberté est démontrée.
Au bout de dix ans, la justice française a non seulement reconnu que l’accusation de terrorisme n’a aucune valeur, mais a aussi reconnu qu’elle était sans fondement depuis le début. Je voudrais ici remercier infiniment tous nos avocats pour leurs efforts, surtout Me Leclerc, Me Bourdon, Me Baudouin, Me Levy, Me Stasi, Me Senyk, Me Dartevelle, Me Serres, Me Barré, Me Champotier et Me Moucarzel.
La justice française a également reconnue que cette accusation était uniquement fondée sur l’inscription de l’OMPI sur la liste noire européenne. Notons que c’est avec ce même dossier, qu’ils ont voulu justifier le maintien de l’OMPI sur la liste noire et qu’ils ont échoué.
Tout le monde sait bien que l’inscription sur la liste noire a été faite à la demande du régime des mollahs. De plus, la Cour européenne de justice a démontré que cette accusation était sans fondement. Nous disons depuis le début que ce dossier est vide et que le seul objectif était de satisfaire la demande des mollahs d’éliminer la résistance. Mais c’est un échec total parce qu’il s’agit d’une juste résistance qui a des racines profondes dans la société iranienne.
Ils ont lancé beaucoup d’accusations et exercer d’énormes pressions. Et même sous prétexte de contrôle judiciaire, ils nous ont empêchés de nous voir et de nous parler. Mais nous n’avons pas abandonné, nous avons insisté sur nos droits et nous avons reçu le soutien d’une multitude de défenseurs des droits de l’homme, de personnalités politiques et de l’opinion publique. Comme le soutien de Mme Mitterrand, qui dès le lendemain de la rafle du 17 juin 2003, est venue au siège du CNRI, pour dire qu’avec François Mitterrand, ils avaient aussi été accusés de terrorisme pendant la résistance.
Ceux qui, à Téhéran, ont promis d’attaquer les bureaux du CNRI à Auvers-sur-Oise, doivent répondre aujourd’hui. Jean-Louis Bruguière qui a ordonné la rafle du 17 juin 2003, doit dire pourquoi il a utilisé la justice française pour satisfaire les mollahs.
Ceux qui, pour cacher leurs marchandages avec les mollahs, voulaient agir vite à cause, soi-disant, d’une menace terroriste urgente, doivent répondre : où est passée cette menace ? Qui était la source de ces accusations, sinon le régime iranien ? Ceux qui, pour justifier la collaboration avec les mollahs, ont bombardé d’accusations la Résistance doivent aujourd’hui répondre aux peuples iranien et français. Pourquoi, pour servir les mollahs, se sont-ils livrés à la diabolisation de l’opposition démocratique ?
Aujourd’hui, j’accuse les hommes politiques de cette époque d’avoir sacrifié la justice et les valeurs humaines.
Je les accuse de collaboration avec le régime iranien dans la répression de la résistance du peuple iranien.
J’accuse ces collaborateurs d’avoir sacrifié les valeurs et la dignité de la France.
Et j’accuse aussi tous ceux qui ont gardé le silence devant cette injustice.
Peut-être ne seront-ils jamais jugés pour leurs actes, mais le procès des consciences, le procès de l’opinion publique française, a déjà commencé et il rendra son verdict. Aujourd’hui, c’est devant ce tribunal qu’ils doivent répondre de leurs actes. Comment vont-ils justifier leur collaboration avec un régime répressif ? Comment vont-ils justifier la répression d’une Résistance légitime qui ne demande que la liberté d’expression et des élections libres ? Une Résistance pour qui la souveraineté appartient uniquement au peuple et à son vote. Une Résistance dont le seul crime a toujours été de dire NON à la dictature. Non à Khomeiny ! Non à Khamenei ! Non à Ahmadinejad ! Comme le peuple libyen dit aujourd’hui : Non à Kadhafi.
Dès le premier jour, notre Résistance qui représentait un peuple opprimé, a dit qu’elle ne pouvait accepter le principe du guide suprême, c’est-à-dire la souveraineté des mollahs à la place de la souveraineté populaire. Car le principe du guide suprême, c’est la souveraineté des mollahs qui se disent les représentants de Dieu sur terre !
Mais qu’avons-nous réclamé sinon la liberté, l’égalité et la justice ?
Malheureusement, des millions d’euros des contribuables français ont été dépensés dans ce dossier au service des mollahs. Sans parler des biens personnels, des passeports et des papiers d’identités, des ordinateurs, des véhicules et de l’argent saisi à une Résistance qui réclame seulement la liberté de son peuple. Et le plus important, ce sont les vies qui ont été perdues et les personnes qui ont été assignées à résidence très loin d’ici.
Des agents de Téhéran ont été entendus comme témoins et les mollahs ont fourni de fausses informations. Et c’est ainsi qu’au XXIe siècle, l’instruction est devenue inquisition.
Avec cette étiquette et la fabrication d’un dossier de terrorisme, les mollahs ont exécuté des parents des Moudjahidine d’Achraf comme Ali Saremi, Jafar Kazemi et Mohammad Hadj Agha’i ces derniers mois. Ils refusent de soigner les prisonniers politiques atteints de cancer pour les faire souffrir jusqu’à la mort comme Mohsen Dogmechi, qui a été incarcéré au total pendant neuf ans et qui est mort en mars dernier.
C’est à cause de cette étiquette que le 8 avril, Maliki a attaqué Achraf et ses résidents sans défense. 22 personnes ont été écrasées par des blindés, 35 ont été tués et 225 ont été blessées par balles. Et le crime contre l’humanité et le massacre continue à Achraf. Comme les documents de Wikileaks l’ont révélé, depuis mars 2009, à la demande des mollahs, Maliki voulait convaincre les Américains de déplacer les résidents d’Achraf en Irak. Est-ce la préparation d’un nouveau massacre?
Aujourd’hui j’adresse seulement une demande précise au Président Sarkozy qui a courageusement pris l’initiative pour la Lybie. Une demande très simple, claire et possible : Ne pensez pas que je demande le bombardement d’objectifs précis. Ne pensez pas que nous demandions de l’argent ou des armes.
Non ! Je demande seulement dans un cadre humanitaire international et des droits de l’homme : Prenez l’initiative internationale de la protection des résidents sans défense d’Achraf ! Il suffit que le Président Sarkozy présente cette demande humanitaire aux Nations Unies et au conseil de sécurité de l’ONU.
Je veux simplement l’arrêt du massacre et de la répression des résidents d’Achraf qui ont beaucoup souffert de cette étiquette de terrorisme et de ces dossiers judiciaires fabriqués.
Le 9 mai, M. Struan Stevenson a annoncé la solution proposée par le Parlement européen qu’il a envoyée au président français. Le lendemain, Mme Ashton a qualifié l’attaque de déplorable et l’a condamnée fermement. Elle a souligné que l’enquête et la condamnation sur ce dossier sont définitives. Je demande au gouvernement français d’agir pour la protection des résidents d’Achraf afin que le crime et la violence ne se répètent pas.
Le 7 mai, le parti socialiste a annoncé sa position et je l’en remercie. Une majorité à l’assemblée et au sénat français, ainsi que 5000 maires de France ont déjà déclaré leurs positions remarquables pour la protection d’Achraf.
Permettez-moi de rendre hommage avec respect à la mémoire de l’abbé Pierre, ce grand défenseur d’Achraf. Je remercie aussi le peuple français, les personnalités, les partis et le parlement français.
Je demande au Président Sarkozy d’agir vite dans le cadre humanitaire afin de protéger les combattants de la liberté de l’Iran à Achraf.
Je pense que le peuple iranien veut aussi que la France se place à ses cotés et non du côté des mollahs barbares.
Maintenant il est temps d’agir.
Nous ne voulons pas rester dans le passé. Nous voulons construire le futur.
Je vous remercie
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