Maryam Radjavi : « Le régime iranien est dans une impasse, il ne se maintient que par la répression »
La diirgeante du principal mouvement d’opposition iranien passe en revue les derniers événements du régime des ayatollahs : « 96% de la population sont opposés au régime.”
Le 8 février 2020 – Par Gari Duran
Maryam Radjavi est à la tête du principal mouvement d’opposition au régime iranien depuis plus de deux décennies. Nous l’avons interviewée à l’occasion des événements qui ont eu lieu ces derniers mois dans le pays et dont les conséquences affectent non seulement la stabilité du gouvernement, mais aussi la région dans son ensemble, étant donné que tout événement qui se produit au sein de la situation complexe du Moyen-Orient affecte tous les pays de la région.
Née en 1953 dans une famille de la classe moyenne, Maryam Radjavi voit sa sœur aînée Narguesse tuée en 1975 par la SAVAK (la police secrète du chah). En 1982, alors que l’ayatollah Khomeiny était déjà au pouvoir, une autre de ses sœurs, Massoumeh, enceinte, a été arrêtée par le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), brutalement torturée pendant des mois, puis pendue.
Elle s’est tournée vers l’Organisation des Moudjahidines du peuple d’Iran (OMPI/MEK) en 1970 par l’intermédiaire de son frère aîné Mahmoud, alors qu’elle était encore au lycée et elle en est devenue membre en 1977.
Après le renversement du chah, elle se présente aux premières élections législatives et malgré les tentatives de Khomeiny pour s’assurer l’élimination des candidats de l’OMPI, elle obtient le vote d’un quart de million d’électeurs rien qu’à Téhéran.
En 1985, Maryam Radjavi est devenue co-dirigeante des Moudjahidine du peuple, quatre ans plus tard elle a été nommée secrétaire générale de l’OMPI et en 1993 elle a été élue présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI).
Dans quelle situation pensez-vous que le régime iranien se trouve actuellement?
Le régime des mollahs est dans une situation de renversement et il n’est pas en mesure de sortir de cette situation dont le facteur principal est le mécontentement de la société, contentement profond et généralisé. Tout d’abord, le régime n’a pas de solution et ensuite ce mécontentement revêt un caractère explosif.
Depuis 2018, on relève cinq séries de soulèvements contre le pouvoir à travers l’Iran, ainsi que des milliers de mouvements de protestation des ouvriers, des étudiants, des infirmières, des paysans, des épargnants spoliés, des retraités, des habitants des banlieues pauvres de millions de jeunes, diplômés mais au chômage ou avec des emplois instables.
Les autorités reconnaissent que 96 % de la société iranienne sont opposés au pouvoir. La dictature religieuse est instable au sein même de sa base sociale de quelques pour cent.
La croissance économique est actuellement de – 5%. Le taux d’inflation est de 50%. La monnaie officielle ces deux dernières années a perdu 3 à 4 fois sa valeur. Une grande partie du système bancaire iranien est en banqueroute ou en état d’insolvabilité.
Ajouté aux catastrophes environnementales, au chômage et à l’incapacité du régime à exporter du pétrole (la principale source de revenu du gouvernement) en raison des sanctions internationales, ceci rend chaque jour le mécontentement encore plus explosif.
Ainsi donc le régime se retrouve dans une impasse. Quelle que soit la voie qu’il emprunte, cela va à l’encontre de sa propre existence. Par exemple, le régime a un besoin urgent d’accroitre ses revenus. En novembre dernier, il a augmenté le prix des carburants pour remplir ses caisses. Mais cette décision a provoqué un immense soulèvement qui lui a causé des dégâts politiques et économiques irréversibles. Il ne compte que sur la répression pour se maintenir en vie.
La politique de complaisance avec le régime iranien suite à l’accord signé avec Obama et d’autres dirigeants européens a-t-elle donné des résultats positifs? Pensez-vous qu’il y a eu une amélioration des droits de l’homme en Iran après la signature de l’accord?
Je dois en premier lieu rappeler que la complaisance avec le régime a toujours signifié dans la pratique le blocage d’un changement démocratique en Iran. C’est comme ça depuis trente ans.
Dans l’illusion de trouver une faction modérée au sein de ce régime, les gouvernements occidentaux ont accordé aux mollahs toutes les concessions possibles. Par exemple, en sapant l’opposition et en la qualifiant de terroriste à la demande du régime.
Egalement, durant les années où la plupart des membres de notre résistance se trouvaient au camp d’Achraf, en Irak, le gouvernement américain, alors en situation de guerre, s’était engagé à les protéger. Or il a remis cette responsabilité au gouvernement pro-iranien de Al Maliki. Cela a conduit à des attaques répétées contre Achraf par les forces iraniennes faisant de nombreux morts parmi ses habitants.
L’administration Obama s’est engagée avec les pays 5+1 dans la signature de l’accord nucléaire de 2015 avec le régime iranien. Il a fait beaucoup de concessions mais n’a obtenu aucune sécurité
En fait, dans notre programme pour l’Iran de demain, nous avons annoncé que nous voulons un Iran non nucléaire. Le programme atomique du régime ne sert que sa survie.
En 2002, la Résistance iranienne a révélé le plus grand site nucléaire secret du régime et fait plus d’une centaine de révélations sur les détails de ce programme et a fini par contraindre les gouvernements occidentaux à réagir.
Malheureusement après l’accord nucléaire de 2015, en plus des accords économiques colossaux conclus avec le régime iranien, l’Occident a fermé les yeux et opté pour le silence sur la belligérance et l’ingérence militaire et terroriste des mollahs en Syrie, et au Yémen.
« Si les pays occidentaux avaient fait preuve de fermeté, le régime iranien n’aurait eu aucun autre choix que d’abandonner la course au nucléaire. »
Que signifit l’assassinat du général Qassem Soleimani pour les opposants au régime? Quel rôle a-t-il également joué dans la politique irakienne ces dernières années?
Dans la structure du pouvoir actuel, il occupait dans la pratique le rang de numéro 2. Il était le chef du terrorisme et du bellicisme dans la région. Il était directement responsable du développement de la guerre en Syrie, ainsi que de la guerre au Yémen et aussi du plan d’occupation cachée de l’Irak initié en 2003.
Il était aussi derrière les plus grandes attaques contre les membres de la Résistance iranienne en Irak, en particulier le massacre d’Achraf de septembre 2013.
Qassem Soleimani n’a pas de remplaçant dans le régime et avec sa mort, la stratégie de l’exportation du terrorisme et de la guerre qui est un des piliers de la survie du régime, a reçu un coup irréversible.
Les mollahs ont tenté avec un grand barnum en guise de funérailles (avec la participation obligatoire des soldats, des prisonniers et des familles des gardiens de la révolution) de faire croire qu’il était populaire. Mais dans les manifestations de janvier 2020 dans beaucoup de villes, les jeunes ont déchiré ses portraits ou y ont mis le feu. Khamenei a dû se défendre, en prétendant que ceux qui avaient mis le feu aux portraits de ce criminel n’était qu’une partie insignifiante de la population.
Comment les dernières manifestations contre le régime iranien ont-elles évolué depuis leur début en décembre 2017? Quel rôle jouent les femmes dans les manifestations et dans le principal mouvement d’opposition que vous dirigez?
Après les soulèvements qui ont eu lieu en décembre 2017 et janvier 2018, nous avons assisté à une véritable mutation dans la mouvance protestataire iranienne.
Cela a commencé avec des revendications concrètes (travail, économie) mais cela continué en réclamant la fin de la dictature en Iran.
Lors de ces soulèvements, trois points de non-retour ont été atteints sur le plan politique. Le premier : la détermination sans faille du peuple iranien à renverser Ali Khamenei et son régime. Le second : le rejet de toutes les factions de la théocratie, dont Hassan Rohani, qui joue la carte de la « modération » tout en étant impliqué dans l’ensemble de la répression politique et sociale. Le troisième point de non-retour a été le rejet des vestiges de la dictature monarchiste
« Soleimani était responsable du terrorisme et de la guerre dans la région. Sa mort a porté un coup irréversible au régime. »
Les femmes ont joué un rôle important dans tous ces soulèvements. De nombreux témoignages, photos et vidéos confirment leur rôle dirigeant dans les manifestations. Les Gardiens de la révolution et le Vevak (le sinistre ministère du Renseignement du régime iranien) ont également reconnu à maintes reprises la présence massive et active des femmes dans les révoltes.
Bien avant le déclenchement de ces évènements en 2018, notre mouvement avait opté pour la stratégie des unités de résistance et de villes insurgées. Le fait est que la répression et le climat de terreur n’ont pas eu raison du nombre croissant de jeunes qui rejoignent les rangs des unités de résistance. Le renversement du régime ne peut se faire de manière spontanée et sans un mouvement organisé.
Quel prix ont payé les Iraniens qui se sont opposés au régime au cours des près de quarante dernières années?
Dès les premiers jours de la théocratie, nous nous sommes opposés au voile obligatoire pour les femmes, ainsi qu’au principe du guide suprême introduit dans la Constitution pour donner le pouvoir absolu à Khomeiny.
De 1978 à 1980 notre mouvement s’est efforcé de mener une lutte politique pacifique contre le nouveau despotisme qui s’installait.
Mais la terreur a suivi une courbe croissante jusqu’à ce que Khomeiny, le fondateur de la théocratie, ordonne la tuerie massive des opposants en commençant par fusiller des jeunes filles de 15 à 16 ans qui avaient même refusé de révéler leur nom aux bourreaux.
Durant l’été 1981, des dizaines de milliers de membres et sympathisants de notre résistance ont été arrêtés. C’était le début de la terreur noire, des exécutions massives et des tortures médiévales. Cent, deux cents, jusqu’à quatre cents résistants étaient fusillés toutes les 24h. Les détenus libérés plus tard ont révélé qu’ils comptaient chaque soir le nombre des coups de grâce tirés pour connaitre le nombre de personnes exécutées.
Le plus choquant a été le massacre de 30 000 prisonniers politiques sur une fatwa de 230 mots de Khomeiny, qui a débuté en été 1988. La plupart des victimes de ce génocide qui a duré plusieurs mois en grand secret étaient des membres ou sympathisants des Moudjahidine du peuple qui étaient en train de purger leur peine de prison. Beaucoup de ceux qui avaient été libérés ont été repris et exécutés sur le champ.
Khomeiny venait de signer un cessez-le-feu avec l’Irak. En exterminant les prisonniers politiques qui étaient une source de motivation et d’opposition pour la société, il voulait empêcher le renversement de son régime après sa déroute dans la guerre.
Les victimes ont été enterrées dans des fosses communes. Depuis 1988, le régime n’a fourni aucun détail ni sur les lieux de l’inhumation des victimes, ni sur leur nombre et leur identité.
Dans un climat de terreur absolu, notre mouvement de résistance a su réunir les noms de milliers de personnes qui ont ainsi perdu la vie. L’an dernier, lors d’une conférence au Parlement européen, j’ai présenté pour la première fois un recueil comportant les noms de cinq mille Moudjahidine du peuple massacrés en 1988.
Malheureusement, les gouvernements occidentaux ont observé le silence face à ce massacre
Même l’ONU n’a pas réagi au massacre massif des prisonniers politiques en Iran, bien que ce massacre politique n’ait pas de précédent depuis la seconde Guerre mondiale.
Nous continuons cependant d’insister sur le fait que le Conseil de sécurité de l’ONU doit envoyer le dossier de ce massacre devant une Cour de justice internationale pour y traduire ses auteurs, dont Khamenei, l’actuel dirigeant du régime.
L’actuel chef du pouvoir judiciaire, Ebrahim Raïssi, et l’actuel ministre de la justice, Alireza Avaei, faisaient tous deux partie des commissions de la mort de 1988 et sont parmi les responsables de ce massacre. La « justice » du fascisme religieux a été pour autant dire confiée aux pires bourreaux du pays.
Plus de 120 000 opposants politiques ont en fait été exécutés tout au long du pouvoir théocratique.
En tant que leader du principal mouvement d’opposition, quelle est votre alternative au régime théocratique de Khamenei et Rohani? Qu’est-ce qui différencie votre mouvement des autres mouvements d’opposition en Libye, en Irak ou en Syrie qui ont entraîné des guerres ou des États en faillite?
Permettez-moi de répondre d’abord à la seconde partie de votre question. Notre mouvement a des racines biens ancrées dans la société iranienne. Depuis 55 ans, il mène une lutte acharnée contre deux dictatures. Pendant toutes ces années il s’est appuyé sur une large base sociale. Les femmes jouent un rôle clé dans notre mouvement de résistance, ce qui est déjà une garantie pour l’Iran de demain.
Le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) possède une infrastructure solide et il est riche en expériences. Il a des plans concrets pour le futur. Un large éventail d’élites iraniennes collabore avec le CNRI, aussi bien en Iran qu’à l’étranger. Cette force qui regroupe une grande diversité de la société iranienne est le meilleur garant de la souveraineté populaire après la chute du régime.
Mais pour ce qui est de la première partie de votre question, la liberté, l’indépendance et la République étaient la principale devise de la Révolution de 1979. Les manifestants réclamaient une République islamique, mais pas l’islam des mollahs
« Même les gardiens de la révolution et le sinistre ministère du renseignement du régime reconnaissent la présence active et massive des femmes dans les révoltes. »
La longue et pénible répression de la dictature du chah avait décimé l’opposition. Les dirigeant des Moudjahidine du peuple sont restés en prison jusqu’aux derniers jours avant la chute du chah. Khomeiny a profité de ce vide pour usurper la direction de la Révolution et instaurer un pouvoir religieux n’ayant rien à voir avec les revendications du peuple iranien.
Cette dictature suit une stratégie triangulaire pour se maintenir au pouvoir : une répression sans merci de la société, l’exportation du terrorisme et de l’intégrisme dans les pays de la région et la course à la bombe atomique. Notre mouvement de résistance a su bâtir une alternative politique qui tient tête au régime sur ces trois plans et qui offre une perspective fondée sur la liberté, la démocratie et l’égalité.
En 1981 nous avons fondé le CNRI qui est une coalition de partis, de groupes et de personnalités de convictions politiques différentes unis sur la base du renversement du régime et d’un plan progressiste adopté pour l’Iran de demain. Nous réclamons une République fondée sur la séparation de la religion et de l’État, le pluralisme politique, l’égalité des sexes, les droits humains, l’abolition de la peine de mort, l’autonomie pour les ethnies opprimées dans le cadre de l’intégrité territoriale de l’Iran, l’égalité des chances dans le domaine économique, la protection de l’environnement, un Iran non nucléaire et des liens de solidarité et de coexistence pacifique avec les pays voisins.
Le CNRI et ses membres ne se sont pas contenté d’élaborer des plans pour les lendemains. Ils ont bâti des traditions de démocratisme et de tolérance dans la pratique politique et dans les décisions difficiles prises tout au long de cette lutte. Ils ont prouvé qu’ils sont l’alternative au régime. La principale composante de cette coalition (l’OMPI) possède un réseau bien organisé en Iran et a fait trembler plus d’une fois la terre sous les pieds des mollahs en provoquant et en dirigeant des batailles, des insurrections et des mouvances politiques. C’est la présence d’une telle alternative démocratique qui garantit à l’Iran de ne pas sombrer dans le même destin que les pays que vous avez cités.
Le régime iranien a tenté un attentat contre ceux qui assistaient à la réunion annuelle de l’opposition iranienne à Villepinte en juin 2018, mais ce n’était pas la première fois qu’ils tentaient de vous attaquer ainsi que votre mouvement sur le sol européen, que pouvez-vous dire à ce sujet ?
À chaque fois qu’il y a un soulèvement en Iran, la seule riposte des mollahs est d’attaquer le mouvement de résistance. Ils comprennent à juste titre que c’est le seul mouvement capable d’orienter les soulèvements vers leur renversement. C’est la présence de ce mouvement de résistance qui fait que les soulèvements se transforment en une menace de renversement du régime.
Après la révolte de janvier 2018, les plus hauts officiels du régime ont explicitement lancé des menaces, comme Ali Chamkhani à la tête du Conseil suprême de sécurité nationale ou le chef des services de renseignement des Gardiens de la révolution
Puis le ministère du Renseignement des mollahs, épaulé par la Force terroriste Qods des Gardiens de la révolution, le ministère des Affaires étrangère et ses ambassades, ont fomenté des complots de grande envergure.
Un premier grand attentat aurait dû avoir lieu en pleines fêtes de Norouz (le Nouvel An iranien) célébrées par la Résistance iranienne à Tirana, en Albanie. Le complot a été déjoué par les services de sécurité albanais. Un second grand attentat aurait dû avoir lieu lors du rassemblement annuel de la Résistance iranienne à Villepinte, dans la banlieue parisienne. Des centaines de personnalités de plus d’une cinquantaine de pays, européens, américains et moyen-orientaux, étaient présents à ce rassemblement.
Le régime a activé pour cette opération l’une de ses cellules dormantes en Europe. L’engin explosif a été remis à cette cellule par un diplomate du régime en poste à Vienne. Mais la police belge a décelé les terroristes et les a interpellés à temps. La police allemande a quant à elle arrêté le diplomate alors qu’il revenait de sa mission pour remettre les explosifs aux terroristes. Il se trouve toujours sous les verrous en Belgique. La Résistance iranienne a révélé les détails de cette opération, ainsi que l’identité des plus hauts dirigeants du régime qui l’ont commanditée.
Ces deux cas n’ont pas été les seules initiatives terroristes contre la Résistance iranienne. Deux agents du régime ont notamment été arrêtés aux États-Unis.
En octobre 2019, la police albanaise a révélé une nouvelle dimension des plans terroristes du régime conduit dans ce pays par un noyau dépendant de la Force Qods. Tout récemment encore, l’Albanie a expulsé de son sol deux autres diplomates de Téhéran.
Les services allemands et néerlandais ont publié des rapports sur les complots fomentés par les ambassades du régime contre la Résistance iranienne.
Parallèlement, le ministère du Renseignement, celui des Affaires étrangères, les Gardiens de la révolution et une bonne dizaine d’autres services et organes terroristes et politiques du régime sont impliqués dans une grande campagne de diabolisation et de propagande mensongère contre la Résistance iranienne.
Par le biais de cette salle guerre, les mollahs veulent freiner la solidarité internationale avec la lutte du peuple iranien pour le renversement du régime.
« Cette dictature suit une triple stratégie pour se maintenir : la répression impitoyable, l’exportation du terrorisme et la course à la bombe atomique. »
Après des décennies de silence, pensez-vous que l’opinion publique est enfin au courant de la situation des violations des droits de l’homme en Iran? Pensez-vous qu’il existe désormais un plus grand soutien à la dissidence iranienne dans l’opinion publique? Et de la part des gouvernements occidentaux? Quelles devraient être les mesures prises par les organisations internationales concernant le régime iranien?
L’ampleur des crimes, des massacres, de l’oppression des femmes et du liberticide en Iran et leur durée sur de nombreuses années, est telle qu’elle n’a pu rester cachée aux yeux du monde. A titre d’exemple, l’Assemblée générale des Nations Unies et les autres organes de l’ONU ont jusqu’à présent condamné 65 fois dans des résolutions et des déclarations, les violations des droits humains en Iran. Grâce aux efforts de la Résistance iranienne, divers parlements dans le monde ont condamné la répression qu’exerce ce régime.
La Résistance iranienne s’efforce de faire connaitre ces crimes à l’opinion publique. Elle a par exemple publié des listes de noms de victimes des exécutions, des documents sur des dizaines de sortes de tortures dans les prisons du régime, sur les fosses communes secrètes de victimes des exécutions, et rendu public un film sur la lapidation par des pasdarans et des mollahs.
Le problème c’est que malgré tout cela, les gouvernements, et à leur tête le Conseil de sécurité de l’ONU, ont ignoré la situation catastrophique des droits humains en Iran au nom de leurs intérêts économiques et diplomatiques.
Nous appelons les gouvernement d’Europe et d’Amérique à conditionner leurs relations avec le régime des mollahs à la fin des arrestations des manifestants, à la libération de milliers de gens arrêtés pendant et après le soulèvement de novembre.
Pensez-vous qu’il serait possible de pacifier la région en cas de changement du régime iranien?
L’exportation du terrorisme et de l’intégrisme islamiste forme une partie majeure de la stratégie de maintien au pouvoir de ce régime. Khamenei et les commandants des gardiens de la révolution ont souligné à maintes reprises que s’ils ne se livraient pas à la guerre en Syrie, en Irak ou au Yémen, ils devraient se battre à Téhéran et dans les autres villes d’Iran pour conserver leur régime.
Pour poursuivre cette politique, les mollahs consacrent une partie importante des revenus du pays dans des actions armées.
La présence des pasdarans – les gardiens de la révolution – dans différents scénarios de guerre depuis 2011, exerce une très lourde pression sur l’économie iranienne.
Alors que le pays souffre d’une faillite et d’une récession économique profonde, le gouvernement continue de dépenser des sommes astronomiques dans cette politique. Les ingérences criminelles dans les pays de la région se heurtent à un large rejet de la société iranienne.
Quant au besoin du régime de préserver son pouvoir, le régime continuera sa belligérance, son terrorisme et ses violations de la souveraineté des pays de la région jusqu’au moment de leur renversement. C’est pourquoi il est nécessaire que les gouvernements occidentaux et du Moyen-Orient opposent une politique de fermeté face à ces ingérences et qu’ils expulsent le régime des pays de la région.
En vérité, de Beyrouth à Bagdad jusqu’à Téhéran, le sol tremble sous les pieds des mollahs.