Conférence au Parlement européen « Perspectives en Iran et changement de politique de l’Union européenne »
Maryam Radjavi : Appel à une campagne internationale pour stopper les exécutions en Iran
Mesdames et messieurs les eurodéputés,
Chers amis,
Je suis ravie d’avoir l’occasion de vous rencontrer, représentants des nations européennes, qui soutenez courageusement la lutte du peuple iranien pour la liberté et la démocratie.
Au moment où je vous parle, le régime iranien a lancé une nouvelle vague d’exécutions sans précédent. Quelque 116 prisonniers ont été exécutés au mois de mai. Cela signifie une exécution toutes les 5 heures.
Je suis venue ici aujourd’hui pour appeler à une campagne internationale visant à mettre fin aux exécutions en Iran. Trois jeunes manifestants, détenus et torturés depuis des mois à Ispahan, ont été exécutés vendredi dernier.
Le régime utilise les exécutions pour créer un climat de terreur et empêcher un soulèvement. Cependant malgré la répression massive, les gens ont protesté contre ces pendaisons cruelles à Téhéran et dans d’autres villes.
Malheureusement, nous assistons à un manque d’action de la part de l’Union européenne et de ses États membres. S’opposer aux exécutions n’est-il pas l’un des principes bien connus de l’Union européenne ? Alors pourquoi, lorsqu’il s’agit de l’Iran, les intérêts économiques et les considérations politiques minimisent l’importance de la situation des droits humains ?
Les manifestants demandent le renversement du régime
Je suis ici aujourd’hui pour être la voix des manifestants en Iran, en particulier des femmes, qui se sont soulevés contre la dictature religieuse. Le message est que le peuple iranien s’est soulevé pour renverser le fascisme religieux. Il rejette la tyrannie sous toutes ses formes et poursuivra son combat jusqu’à ce qu’il parvienne à la liberté et à la démocratie.
Le soulèvement qui a débuté en septembre dernier a donné lieu à plusieurs développements importants :
– Le renversement du régime est inévitable,
– le régime clérical est dans l’impasse,
– la résistance organisée en Iran a fait un grand bond en avant,
– et les fausses alternatives ont échoué.
Permettez-moi d’expliquer brièvement chacun de ces développements.
L’une des principales raisons des soulèvements est la colère et le mécontentement généralisés au sein de la société iranienne. Cette capacité explosive est particulièrement visible dans la confrontation courageuse des femmes iraniennes avec les forces du régime. Les Iraniennes jouent aujourd’hui plus que jamais un rôle d’avant-garde dans les manifestations, et impressionnent le monde par leur bravoure.
Une jeune génération courageuse et dévouée est déterminée à renverser le régime. La nuit, à Téhéran et dans d’autres villes, les gens scandent depuis les toits de leurs maisons « à bas Khamenei ». Chaque vendredi, des manifestations contre le régime ont lieu à Zahedan. En outre, les protestations des enseignants, les grèves des travailleurs et les manifestations des retraités se poursuivent dans tout le pays.
Le régime est dans une impasse
Un autre développement important est l’impasse dans laquelle se trouve le régime. Il n’est pas en mesure d’entreprendre la moindre réforme, car cela saperait le pouvoir de Khamenei et entraînerait la chute totale de la dictature. Les mesures prises par le régime pour préserver son pouvoir ne font qu’intensifier le mécontentement, alimentant ainsi le soulèvement. En bref, le retour à la situation antérieure au soulèvement est devenu impossible.
En conséquence, le renversement du régime par le soulèvement du peuple et sa résistance organisée est inévitable.
Cette situation a eu deux effets importants au sein du régime :
1- Les désertions dans les rangs du régime se sont intensifiées.
2- Les luttes intestines se poursuivent et le projet politique le plus important de Khamenei ces dernières années, à savoir la nomination de Raïssi, le bourreau du massacre de 1988, au poste de président du régime, a échoué.
Un autre événement significatif est le développement remarquable des réseaux dans la société.
Dans ses évaluations internes, le régime considère l’OMPI comme un groupe qui « possède une unité, une structure organisée », « la capacité d’infiltrer les systèmes de renseignement ». Il reconnaît également que l’OMPI « est dotée de capacité, d’un passé de lutte et qu’elle fait preuve d’une grande aptitude dans le domaine du renseignement pour tromper les services de renseignement ». Il précise également qu’elle « est reconnue comme la seule organisation ayant un programme d’alternative ». Il conclut qu’elle « est donc considérée comme habile et subversive. » Un comité de haut niveau a été formé pour contrer les Moudjahidine du peuple. Sept des treize directions du ministère des affaires étrangères participent à ce comité. L’objectif est de « discréditer » la Résistance iranienne. En diffusant de fausses informations, le régime vise à saper la résistance juste et légitime du peuple iranien et à porter atteinte aux fondements démocratiques et à la libre circulation d’informations impartiales en Europe.
L’échec des fausses alternatives
Un autre résultat important du soulèvement est l’échec des fausses alternatives, en particulier celles liées aux vestiges du chah et à la dictature cléricale. Certains pensaient pouvoir présenter ces groupes comme les leaders du soulèvement grâce à une propagande intensive, mais ils ont échoué.
Il existe en Iran un puissant mouvement démocratique et organisé et 120 000 opposants politiques ont sacrifié leur vie pour la liberté.
Le peuple iranien n’acceptera pas de revenir à la dictature précédente qui l’a opprimé pendant plusieurs années, avec d’innombrables emprisonnements et exécutions politiques sous un régime de parti unique.
L’évolution actuelle du soulèvement a montré que les manifestations ne suffisent pas à renverser le régime. Un mouvement de résistance engagé et bien organisé est nécessaire pour faire face à un régime brutal.
L’alternative à ce régime est la force même qui entretient la flamme de la résistance et joue un rôle clé dans l’organisation et la diffusion des protestations.
Il y a 19 ans, lors d’une réunion au Parlement européen, j’ai déclaré : les mollahs de Téhéran prétendent que tout changement significatif nécessite une guerre étrangère et qu’il n’y a pas d’autre option que la complaisance.
Mais j’ai dit qu’il y avait une troisième voie : le changement par le peuple iranien et sa Résistance. Je tiens à souligner que cette solution a émergé du cœur du soulèvement national en Iran. La véritable alternative est née d’une bataille de longue haleine, pour laquelle des générations ont sacrifié leur vie.
Le Conseil national de la Résistance iranienne, fondé à Téhéran il y a quatre décennies, représente diverses convictions politiques.
L’antithèse de la tyrannie
Le programme de la Résistance iranienne est basé sur une république, la séparation de la religion et de l’État, des libertés individuelles et sociales complètes, l’égalité des sexes, l’autonomie des minorités ethniques, l’abolition de la peine de mort, un système judiciaire indépendant, la dissolution du corps des pasdarans, un Iran non nucléaire, une coexistence et une coopération internationales et régionales.
Au centre de cette alternative se trouve l’OMPI, qui croit en un islam démocratique et prône la séparation de la religion et de l’État. Cette résistance représente donc l’antithèse de la dictature religieuse.
Mettre les pasdarans dans la Liste du terrorisme
Chers amis,
Aujourd’hui, il est largement admis que le régime clérical s’est considérablement affaibli et a perdu ses capacités stratégiques et ses ressources. Cependant, son hostilité s’est intensifiée, que ce soit en cherchant à se doter d’armes nucléaires ou en soutenant le terrorisme et le bellicisme jusqu’au cœur de l’Europe.
La contradiction dans l’approche occidentale de l’Iran est le résultat de la politique de complaisance. Le régime a pris pour cible la paix et la sécurité mondiales à plusieurs reprises et a constamment violé les lois internationales sans en subir les conséquences. Pire encore, il a reçu des récompenses et des incitations.
Chaque heure de retard dans l’adoption de la bonne politique vis-à-vis de la dictature religieuse en Iran se traduit par davantage d’exécutions pour le peuple iranien, davantage d’otages pour le monde et davantage de drones en Europe.
La Résistance iranienne appelle l’Union européenne à reconsidérer ses politiques antérieures à l’égard de l’Iran :
– Inscrire le corps des pasdarans dans sa liste des entités terroristes.
– Déclencher le mécanisme de snapback et rétablir les sanctions prévues dans les six résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU contre le régime.
– Désigner le régime comme une menace grave pour la paix et la sécurité mondiales en vertu de l’article 41 du chapitre 7 de la Charte des Nations unies.
– Reconnaître le droit du peuple iranien à lutter pour renverser ce régime ainsi que la lutte légitime de la jeunesse iranienne contre l’occupant, le Corps des pasdarans.
– Pour finir, honorables eurodéputés, je vous appelle à exhorter vos gouvernements à se joindre à la campagne pour stopper les exécutions en Iran et à se tenir aux côtés du peuple iranien.
Je vous remercie
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