Maryam Radjavi : Le Ramadan, un appel au soulèvement contre un régime de famine, d’errance et de tyrannie religieuse
Conférence du mois de Ramadan : Unis contre l’intégrisme et la belligérance, pour la paix et la fraternité
Le lundi 4 avril 2022, pour le second iftar, ou rupture du jeûne, du mois sacré de Ramadan, une conférence a été organisée sous le titre « Ramadan, unis contre l’intégrisme et la belligérance, pour la paix et la fraternité » par la Résistance iranienne. Des personnalités religieuses et politiques de divers pays et du monde arabo-musulman y ont participé. Elles étaient reliées en ligne à la cité d’Achraf-3 et aux Moudjahidine du peuple pour la liberté, ainsi qu’au siège du CNRI à Auvers-sur-Oise près de Paris. Elles ont été nombreuses à prendre la parole.
Au début de cette conférence, Maryam Radjavi a adressé ses meilleurs vœux pour le mois de Ramadan aux musulmans et aux personnalités se trouvant dans divers points du monde. Dans son discours, tout en évoquant la situation dramatique de la société iranienne sous la dictature religieuse, elle a mis l’accent sur l’échec de la pensée extrémiste des mollahs sous le couvert de l’islam. Elle a déclaré :
Chers amis de la Résistance iranienne,
Chers compatriotes,
Vaillantes unités de résistance,
Moudjahidine du peuple d’Iran,
En ce début du mois sacré de Ramadan, je prie pour la libération de mes compatriotes des griffes de la tyrannie religieuse.
Prions pour que nos frères et sœurs de la région soient libérés de l’intégrisme, du terrorisme et de la belligérance maléfiques du régime des mollahs.
Prions pour que les peuples du monde, en particulier les Ukrainiens qui résistent, parviennent à la paix et à la tranquillité.
La philosophie du Ramadan
شَهْرُ رَمَضَانَ الَّذِيَ أُنزِلَ فِيهِ الْقُرْآنُ هُدًى لِّلنَّاسِ وَبَيِّنَاتٍ مِّنَ الْهُدَى وَالْفُرْقَانِ
Ramadan est le mois où le Coran a été envoyé pour guider les gens
Un mois de piété libératrice ; un mois de la solidarité et de rapprochement des cœurs.
Un mois pour se précipiter au secours des affligés et des pauvres. En conséquence, un mois où les cœurs et les sentiments sont encore plus blessés par la pauvreté et la misère de nos compatriotes et de nos semblables.
Si le jeûne se limite à s’abstenir de manger et de boire pendant quelques heures, s’il n’éveille pas la conscience de la société et ne combat pas l’oppression, la pauvreté et la faim, il est loin de son but. Le jeûne n’est-il pas une tentative d’atteindre la piété libératrice et de contrôler les facteurs nocifs qui détruisent les ressources humaines ?
Alors, comment les jeûneurs peuvent-ils rester silencieux et indifférents face à la destruction de l’héritage et des générations de l’Iran, de l’injustice, du pillage et de la corruption qu’incarne la dictature religieuse du guide suprême ?
Le ramadan et le jeûne en soi forment et motivent les forces individuelles et collectives pour combattre le monstre de la coercition et des ténèbres.
Le ramadan dans son apparence consiste à ne pas manger ni boire ; mais en fait il s’agit d’un éveil. Un mois pour bouleverser l’équilibre et l’insatisfaction qui s’oppose à l’évolution, il rejette la satisfaction du statu quo et appelle à lutter pour ce qui devrait être, il refuse la situation telle qu’elle est et conduit à la révolte et au changement.
Misère noire et faim criante en Iran
A vrai dire, pourquoi le peuple iranien est-il aux prises aujourd’hui avec la pauvreté et la faim, alors qu’il dispose de richesses et de ressources abondantes ? Parce qu’un régime complètement illégitime et hautement détesté, qui a mis entre lui et la société iranienne une mer de sang, paie le prix de son maintien au pouvoir avec la vie et le sang de la population.
Cette année, le nombre de victimes du coronavirus en Iran a dépassé le demi-million. Si Khamenei n’avait pas délibérément ouvert la voie à la propagation de la maladie, et s’il avait dépensé un petit pourcentage de sa fortune de 1000 milliards de dollars pour contenir le Covid-19, la mortalité due au coronavirus en Iran se serait réduite de plusieurs fois.
Aujourd’hui, une pauvreté écrasante touche au moins 70 à 80 % de la population du pays. C’est une pauvreté dans laquelle chaque minute huit personnes tombent sous le seuil de pauvreté absolue .(1) Et il est dit qu’il n’y a pas de précédent au cours des 100 dernières années.(2)
Un million deux cent mille personnes se suicident chaque année ,(3) ce qui entraîne la mort de 40.000 d’entre elles. Certains sont contraints de vendre leurs organes. Des femmes totalement démunies vendent parfois leurs bébés pour 800 000 tomans, soit seulement 32 dollars.(4) Honte à Khamenei, aux mollahs et à leurs complices !
Aujourd’hui en Iran, la consommation par habitant de protéines et de produits laitiers est inférieure à la moitié de la norme mondiale.(5)
Après la viande, les produits laitiers et les œufs sont désormais absents de nombreuses tables. Les femmes chefs de famille disent qu’elles ne peuvent même plus manger de pain ni de yaourt.
5 à 8 millions d’enfants innocents ont été livrés au marché cruel du travail, avec des salaires de misère, dans des environnements pollués, sans hygiène, sans la moindre assurance ni le moindre soutien. Au moins 5 000 d’entre eux passent entre 10 à 11 heures par jour dans la capitale à fouiller dans les ordures pour faire gagner aux commerçants affiliés à Khamenei des milliers de milliards de tomans chaque année grâce à ces collectes d’ordures.
Dans une telle situation, par rapport à tous les pays du Moyen-Orient, l’Iran compte le plus grand nombre de milliardaires alimentés directement ou indirectement par le siège de Khamenei.
Le nombre de gens sans revenus, sans emploi et sans logement augmente de jour en jour.
En 2020, les sans-abris se sont rendus 490.000 fois dans les abris chauffés de Téhéran. Un an plus tard, leur nombre atteignait 700 000.(6)
Une grande partie de la population du pays n’a pas d’endroit où passer la nuit jusqu’au matin. Entre un quart et un tiers de la population du pays vit dans 3000 bidonvilles ravagés par la pauvreté, l’oppression et les privations.
Les salaires actuels ne couvrent plus les frais de subsistance, ils ne permettent plus les soins et les médicaments. Le fait est que « les membres d’une même famille sont sans abris individuellement ou collectivement et passent la nuit dans des endroits allant des caniveaux et des chantiers abandonnés, des cimetières et des tombes creusées ou dans des bâtiments à l’abandon ».(7)
Les sans-abris paient pour dormir dans le bus la nuit ou passent la nuit sur les toits et dans les décharges. C’est la misère que Khamenei et son régime sanguinaire ont imposée aux Iraniens.
La politique abominable de Khamenei
A vrai dire, Khamenei, poursuit en parallèle sous la domination d’une tyrannie sauvage, cinq politiques abominables :
il contraint les gens aux travaux obligatoires et fait de l’Iran la main-d’œuvre la moins chère du monde.
il garde une immense partie de la population affamée,
il pille les biens publics,
il conduit les malades à la mort,
Et poussent les gens à vivre sans domicile.
Oui, une guerre sale et cruelle contre le peuple iranien qui provoque la colère de Dieu.
کبر مقتاً عندالله
Ce sont des exemples de ces adorateurs de richesses et d’agresseurs sévèrement réprimandés dans la sourate Fajr. Car non seulement ils n’aident pas les faibles et les orphelins, mais en plus ils dévorent leur héritage avec avidité. Dans la sourate Al-Maoun du Coran, il est écrit :
و أَرَأَیْتَ الَّذِی یُکَذِّبُ بِالدِّینِ
فَذلِکَ الَّذِی یَدُعُّ الْیَتِیمَ
وَ لا یَحُضُّ عَلی طَعامِ الْمِسْکِینِ
فَوَیْلٌ لِلْمُصَلِّینَ
الَّذِینَ هُمْ عَنْ صَلاتِهِمْ ساهُونَ
الَّذِینَ هُمْ یُراؤُنَ
وَ یَمْنَعُونَ الْماعُونَ
« Vois-tu celui qui traite de mensonge la rétribution ?
C’est bien lui qui repousse l’orphelin
et qui n’encourage point à nourrir le pauvre.
Malheur donc à ceux qui négligent leurs prières
et les remplissent d’ostentations et d’hypocrisie.
Et qui font obstacle et accaparent les sources de production et la richesse de la nation et profitent de la richesse de la population. »
Oui, [dans le dernier mot de la sourate] Al-Maoun, il s’agit des biens publics du peuple, qui sont ouvertement pillés par les mollahs. Le grand ayatollah Taleghani, écrivait dans son exégèse du Coran intitulée « un rayon de lumière du Coran » : « Al Maoun, c’est pour l’intérêt général (…) Ainsi, pour revenir à l’état originel et naturel, qui est la généralisation des sources de richesse, il faut écarter les obstacles ».
Il faut écarter les droits du peuple iranien des mains des pillards et des oppresseurs au pouvoir. Et il faut renverser le règne de l’injustice, du pillage et de la tyrannie.
Dans la sourate Al-Isra’, le Coran rappelle aux croyants leur engagement à soutenir les démunis afin qu’ils puissent le remplir, car ils seront interrogés à ce sujet.(8)
Oui, en respectant les alliances divines et populaires pour défendre les droits et les libertés des opprimés et pour parvenir à la liberté et à l’établissement de la justice et de l’égalité, il s’agit de la plus grande piété de notre temps. C’est pourquoi les Moudjahidine du peuple depuis de cinq décennies luttent contre les dictatures du chah et des mollahs, et depuis plus de trois décennies ont renoncé à leur vie de famille, pour mener une lutte sans relâche contre le sexisme et l’individualisme égoïste. Ils se sont levés pour répondre à la grande épreuve de piété de notre temps qu’est le renversement de la tyrannie religieuse et l’instauration de la liberté et de la souveraineté populaire.
Dans la sourate Balad, Dieu évoque des êtres humains qui, après avoir traversé des cols difficiles et tortueux, face à des choix contradictoires, empruntent le chemin du bien et de l’évolution, libérant les captifs et protégeant les pauvres.
L’islam démocratique
Aux yeux des Moudjahidine du peuple, les personnes qui ont acquis une personnalité libre et indépendante, ont aussi la capacité d’enlever les chaînes des autres et de les libérer. Et c’est un effort en faveur de la liberté.
Les Moudjahidine du peuple ont pris pour modèle l’Imam Ali (gendre du Prophète et premier imam chiite), qui a dit : Dieu a reçu des personnes conscientes l’engagement de ne pas connaitre de répit face à l’oppresseur et la faim qui tiraille les opprimés…(9)
Et lui-même a écrit dans une lettre au gouverneur de Bassora : « Loin de moi l’idée de rechercher le profit dans les biens matériels, alors qu’il y a peut-être au Hedjaz et au Yémen quelqu’un qui n’a pas accès à une miche de pain et n’a jamais assez de quoi se nourrir. »(10)
C’est l’Imam Ali qui a dit que c’est dans la justice que se trouve l’ouverture.(11) Telle a été dès le début l’idée qui a guidé les Moudjahidine du peuple. Quelques mois après le renversement de la dictature du chah, alors que Khomeiny et ses mollahs fomentaient la nouvelle constitution de la dictature religieuse dans l’assemblée extrémiste des experts, Massoud [Radjavi, dirigeant de la Résistance iranienne] dans une série de conférences à l’Université de Téhéran, citant les lignes directrices et les positions de l’Imam Ali et ses pratiques durant les cinq années de son gouvernement, a expliqué les vues des Moudjahidine sur les questions économiques et sociales les plus importantes, la politique intérieure et étrangère, la question des minorités ethniques, la question de la liberté et de la souveraineté populaire. Il a dit notamment : « Notre idéal social est un système dans lequel les talents humains ne sont pas anéantis, où tous les talents humains s’épanouissent, sans aucun obstacle et où l’incomparable individualité de chacun s’épanouit. »(12)
Le jour où les Moudjahidine du peuple ont fondé leur organisation, leur grand fondateur Mohammad Hanifnejad, a déclaré que sa pierre angulaire idéologique était la suppression de l’oppression. L’islam dans lequel croient les Moudjahidine du peuple, en mettant l’accent sur la liberté et la suppression de l’oppression, a tracé ses frontières qualitatives avec toutes les idéologies réactionnaires sous couvert de l’islam.
C’est à partir de là que les Moudjahidine du peuple ont brandi la bannière de l’égalité et de la lutte contre toutes les formes de discrimination et d’oppression, c’est à partir de là qu’ils se sont dressés en faveur de l’égalité des femmes et des hommes, et qu’ils ont défendu tout au long de leur histoire les libertés fondamentales et les droits égaux des minorités ethniques opprimées et des adeptes des différentes religions. Tout comme, en suivant la religion de l’islam, ils se sont opposés à toute expansion territoriale agressive et à toute ingérence dans d’autres pays sous prétexte d’exporter la révolution.
C’est la fierté historique des Moudjahidine que, sous la direction de Massoud [Radjavi], ils ont pu vaincre la pensée médiévale de Khomeiny, dissimulée sous le couvert de l’islam, en traçant les frontières idéologiques et historiques de l’islam démocratique et en présentant une puissante antithèse à la version rétrograde de de l’islam et qu’ils ont vacciné la société iranienne contre le fléau de l’intégrisme.
Khomeiny et ses partisans ont utilisé la tyrannie religieuse et le règne de la torture, du pillage, de la misogynie et du terrorisme sous le couvert de l’islam et, pendant une longue période ont causé de graves dommages à tous les aspects politiques, intellectuels, culturels et sociaux de l’Iran et des pays de la région. Mais leur tromperie religieuse a échoué face à la persévérance des Moudjahidine du peuple dans leur conviction et au sacrifice des membres de ce mouvement, génération après génération. Leur temps touche à sa fin et après le renversement de ce régime, l’Iran connaitra la liberté, l’égalité et la séparation de la religion et de l’État.
Chers Amis,
À l’occasion du Ramadan et du jeûne, j’ai rappelé la situation difficile que les mollahs ont imposée au peuple iranien qui souffre de la faim et se retrouve sans-abri, ce qui montre la nature de l’islam réactionnaire et son opposition à l’islam de la justice et de l’égalité. Cependant je dois dire que les pauvres gens, ceux qui n’en peuvent plus, ceux qui ont été pillés, constituent la grande force de la rébellion et de la révolte contre le régime fragilisé de Khamenei. Des forces de l’insurrection et de vaillantes unités de résistance qui ne cessent de sortir de ce creuset en fusion. Et nul doute que la tyrannie religieuse qui a échoué dans toutes les sphères intellectuelles et idéologiques ne tiendra pas devant cette force immense, devant les unités de résistance et la grande armée de la liberté. Ce qui assurera la victoire du peuple iranien.
Prières
Que Dieu donne la victoire à la résistance et au soulèvement de l’Iran et de la grande armée de la liberté contre la tyrannie religieuse. Qu’Il débarrasse le peuple iranien et la région de ce régime et qu’Il fasse régner la paix et l’amitié dans la région et dans le monde.
Qu’Il renforce les Moudjahidine du peuple d’Iran dans leur attachement à leurs valeurs et leurs principes de lutte et de leurs idéaux, en préservant le plus grand mouvement organisé contre la dictature religieuse qui lutte pour renverser ce régime.
Qu’Il garde Massoud [Radjavi], le dirigeant de cette Résistance, sous Sa ferme protection, et le protège à l’ombre de Sa grâce de tous les complots, lui qui a ouvert les yeux et les cœurs de cette génération à la liberté et à l’islam authentique.
انالله و ملائکته یصلون علیالنبی یا ایهالذین آمنوا صلوا علیه و سلموا تسلیما
2-Eqtesad Pouya, 8 janvier 2022
3-Le sous-directeur des affaires sociales de l’assistance sociale, 22 juillet 2021
4-Quotidien Sharq
5-Site Eqtessad 24, 13 octobre 2021
6-Quotidien Jahan Sanhat, 13 juin 2021
7-Eghtessad Pouya, 8 janvier 2022
8-Verset 34, sourate Al Isra (Le voyage nocturne)
9- أَمَا وَ الَّذِي فَلَقَ الْحَبَّةَ وَ بَرَأَ النَّسَمَةَ لَوْ لَا حُضُورُ الْحَاضِرِ وَ قِيَامُ الْحُجَّةِ بِوُجُودِ النَّاصِرِ وَ مَا أَخَذَ اللَّهُ عَلَى الْعُلَمَاءِ أَلَّا يُقَارُّوا عَلَى كِظَّةِ ظَالِمٍ وَ لَا سَغَبِ مَظْلُومٍ لَأَلْقَيْتُ حَبْلَهَا عَلَى غَارِبِهَا وَ لَسَقَيْتُ آخِرَهَا بِكَأْسِ أَوَّلِهَا وَ لَأَلْفَيْتُمْ دُنْيَاكُمْ هَذِهِ أَزْهَدَ عِنْدِي مِنْ عَفْطَةِ عَنْز
10-Nahj-ol-Balagheh, letter à Othman, Ben Hanif Al-Nassari
11-و من كلام له ع فيما رده على المسلمين من قطائع عثمان رضي الله عنه وَ اللَّهِ لَوْ وَجَدْتُهُ قَدْ تُزُوِّجَ بِهِ النِّسَاءُ وَ مُلِكَ بِهِ الْإِمَاءُ لَرَدَدْتُهُ فَإِنَّ فِي الْعَدْلِ سَعَةً وَ مَنْ ضَاقَ عَلَيْهِ الْعَدْلُ فَالْجَوْرُ عَلَيْهِ أَضْيَقُ
12-Le gouvernement d’Ali et la Constitution, novembre 1979
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