19 Mar 2011

Symposium international de Berlin

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Symposium international de Berlin

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

En pleine insurrection en Iran et soulèvement en Iran et dans les pays de la région, la tenue de cette conférence est une initiative de grande valeur.

Je tiens particulièrement à remercier ceux qui en ont pris l’initiative. Je rends également hommage à la déclaration des députés du Bundestag en soutien à la révolte du peuple iranien et à Achraf.

Chers Amis,

Alors que la tempête des insurrections fait trembler les dictateurs dans l’ensemble de la région, du 14 février au 14 mars, en l’espace d’un mois, le peuple iranien a lancé cinq grandes révoltes à Téhéran et dans de nombreuses villes de province contre le régime du Guide suprême.

Ces dernières révoltes sont porteuses de trois messages fondamentaux :
– Le premier, c’est la résurgence du mécontentement irréductible incrusté dans la société iranienne.
– Le second message, c’est l’échec de Khamenei, à la fois pour empêcher la révolte de se poursuivre et maitriser la crise au sommet du pouvoir. En supprimant Rafsandjani récemment, Khamenei a opéré l’ablation interne la plus dangereuse mais inévitable dans son régime.
– Le troisième message, c’est la volonté profonde de la société iranienne de changer le régime du Guide suprême. C’est pourquoi « mort à Khamenei » est devenu le principal mot d’ordre de l’insurrection. A travers ce slogan, la révolte en Iran souligne que l’objectif n’est pas la réforme de la dictature, mais la suppression du régime du guide suprême dans sa totalité.

Comment faut-il analyser cette situation ? L’analyse tient en une phrase : le changement démocratique en Iran est inéluctable. Cela peut se faire par le peuple iranien et sa Résistance. C’est pourquoi il faut prendre l’avenir de l’Iran en considération. Il s’agit de répondre à la question de savoir ce que nous voulons pour l’avenir et ce que nous en pensons ?

Chers Amis,

A nos yeux, la réponse à la question iranienne et la réponse à sa crise n’est autre que la démocratie. La démocratie ou encore la souveraineté populaire est pour nous un principe doctrinal. Au début du pouvoir de Khomeiny, nous nous sommes efforcés de construire un processus comportant des élections réelles. Lors du premier scrutin législatif, nous avons présenté plus de 140 candidats. Mais Khomeiny en a volé les résultats par le biais de fraudes et de ruse. Lors de la première élection présidentielle, il a empêché le candidat de l’opposition de se présenter. Depuis l’Iran n’a plus connu d’élection libre.

Le dirigeant de la Résistance, Massoud Radjavi, a déclaré à ce propos : « Dès le premier jour, le conflit majeur entre le peuple iranien et le régime de Khomeiny, a concerné et concerne ce point : soit la souveraineté populaire et le suffrage du peuple, soit le principe du Guide suprême et le pouvoir des mollahs ? Voilà l’essence et l’esprit de notre combat et du combat de notre nation depuis trente ans. »

Je pense que rien n’est plus déterminant que le libre choix du peuple. Sinon quelle main miraculeuse pourrait résoudre les terribles difficultés économiques et sociales de l’Iran d’aujourd’hui ? Pour nous, la réponse se trouve dans la participation et le sens des responsabilités de chaque Iranien, dont le libre choix est la condition sine qua non. Laissons chacun participer et intervenir dans ce qui est son destin politique et social. La souveraineté appartient au peuple iranien.

En ce qui concerne la résistance, je répète que notre objectif n’est pas d’obtenir le pouvoir à n’importe quel prix. Notre but est d’instaurer la liberté et la démocratie à n’importe quel prix. Si l’avènement de la démocratie en Iran, nécessite que nous n’obtenions rien, nous l’acceptons volontiers. Nous sommes fiers de nous sacrifier pour le libre choix de notre peuple. Il s’agit de notre plus grande mission.

Pour l’Iran de demain nous insistons sur l’ensemble des libertés individuelles et sociales. La liberté d’expression, de vêtements, de mariage, de divorce, de formation de partis, des syndicats, de la presse, de manifester. Laissons le peuple se libérer de la contrainte. Que la liberté de choix de chacun soit respectée. Ce peuple aspire à une république pluraliste. Ce peuple veut élire lui-même ses responsables.

Il faut mettre fin à tout jamais à cette barbarie de tuer les gens parce qu’ils manifestent. Ni Dieu, ni le peuple iranien n’ont donné à quiconque le droit de décider à vie du destin d’un pays. C’est le droit d’un peuple de changer le pouvoir dont il ne veut pas.

Un autre sujet sensible, ce sont les droits de l’homme. Il faut raviver les droits de l’homme lapidés en Iran. Oui, c’est le droit du peuple iranien de se libérer des ténèbres et de l’oppression. Il faut se débarrasser des potences, de la torture, de la lapidation et des amputations. Dans l’Iran libre de demain, nous défendrons l’abolition de la peine de mort. C’est là notre réponse à la sauvagerie et la cruauté des mollahs. L’Iran peut et doit devenir le pays des droits humains.

La condition nécessaire à la démocratie repose également dans la séparation de la religion et de l’Etat. Dans l’Iran de demain, le principe de la liberté de culte sera respecté. Dans la législation du pays, aucune religion ni croyance ne pourra avoir de privilège sur une autre. Et enfin, toute contrainte en religion sera abolie l’accent sera mis sur le libre choix de chacun. « Pas de contrainte en religion » dit le Coran.

A propos de la question des femmes, je suis fermement convaincue que l’égalité et la participation au leadership, sont des conditions nécessaires à la démocratie, elles garantissent la démocratie et la condition du développement des relations démocratiques. Certes, les femmes en Iran doivent être leurs propres libératrices. Mais il est nécessaire de fournir aux femmes la possibilité de choisir librement. C’est pourquoi il faut abolir toutes les discriminations, les interdictions et l’apartheid sexuel, tout comme les meurtres et la violence contre les femmes ou les lois misogynes et le port du foulard obligatoire. Oui, la démocratie et le développement de la société sont possible, mais avec l’égalité des femmes et il est possible de vaincre l’intégrisme, mais grâce à ces femmes.

Quant à la jeunesse, l’Iran de demain sera le foyer de sa créativité. La jeunesse ne sera plus victime ni de discrimination, ni méprisée, ni ignorée. La génération du soulèvement et de la liberté devra bénéficier d’égalité dans les études supérieures, de la liberté universitaire et de l’égalité des chances dans le domaine de l’emploi.

Concernant l’économie de l’Iran, il me faut souligner que le développement économique repose dans la liberté et le libre choix du peuple. Libérer la société de la pauvreté, du chômage et des privations passe par le chemin de la liberté et de la démocratie.

La protection de la population face aux catastrophes naturelles nécessite en premier lieu l’instauration de la démocratie. Que le peuple soit libre ! Que tous puissent bénéficier de l’égalité des chances ! Oui, la voie du développement économique en Iran dépend également du libre choix individuel en Iran.

Pour l’Iran libre de demain, nous insistons sur l’abolition de la double oppression à l’égard de toutes les minorités du pays dans le cadre de l’unité nationale indivisible. L’Iran de demain reconnaitra le droit à l’autonomie du peuple du Kurdistan d’Iran.

Et enfin, l’Iran de demain sera non nucléaire et en paix avec tous les pays du monde. Ces derniers jours, au Japon, le tremblement de terre, le tsunami et les explosions de centrales nucléaires ont eu un impact catastrophique. Au nom du peuple iranien et de sa résistance, je fais part de notre compassion avec le peuple japonais. Mais cette catastrophe démontre que le programme nucléaire secret et illégal du régime iranien est mille fois plus dangereux pour toute la société. Nous ne voulons pas d’un Iran nucléaire.

Le programme du CNRI stipule qu’après le renversement de ce régime, un gouvernement provisoire, gèrera les affaires du pays pour une période maximale de six mois. Sa tâche principale sera d’organiser les élections de l’Assemblée constituante avec toutes les garanties et les observateurs nécessaires. L’Assemblée constituante sera chargée d’élaborer la nouvelle constitution et de gérer les affaires du pays pendant la période de transition.

Oui, nous voulons une société dont les relations internes, seront édifiées pierre par pierre sur le libre choix du peuple. Pour engendrer cette valeur et pour la faire triompher, jusqu’à présent 120 000 des meilleurs enfants de la patrie ont sacrifié leur vie en Iran.

Symposium international de Berlin

Chers amis,

Aujourd’hui l’importance et l’exactitude de la Troisième Voie, c’est-à-dire un changement démocratique, est plus manifeste que jamais. Mais comment réaliser ce changement ? Son levier repose dans la résistance du peuple iranien. Une résistance qui bénéficie du soutien et de la volonté du peuple pour renverser le régime du guide suprême. Une résistance organisée, profondément enracinée au cœur de la société iranienne qui a montré qu’elle était en mesure de remplacer le régime au pouvoir. Les sympathisants de cette résistance, notamment les familles de 120 000 martyrs, ont joué un rôle actif dans les soulèvements de ces deux dernières années en tant que couche résolue et capable d’être organisée. La base sociale de cette résistance lui a permis d’avoir accès aux secrets les mieux gardés du régime, comme ses projets atomiques et terroristes.

Les mollahs expriment chaque jour leur hostilité hystérique à l’encontre des Moudjahidine du peuple parce qu’ils se voient confrontés à une couche étendue de la population et non pas uniquement à une organisation politique d’opposition.

On peut voir la cristallisation de cette résistance à Achraf. Le camp d’Achraf est le symbole de la résistance et de la persévérance. Il constitue une source d’inspiration pour la jeunesse dans sa lutte pour la liberté. Dans ces conditions nous reprochons à l’Occident son attitude d’opposition au changement en Iran. Nous savons que durant les années passées trois gouvernements successifs aux États-Unis ont maintenu les Moudjahidine du peuple sur la liste noire et insisté pour les y garder, aidant ainsi dans la pratique le régime à rester au pouvoir.

Ces deux dernières années malheureusement les États-Unis ont continué cette politique dévastatrice. De quelle façon ?
1- En plein soulèvement de 2009 les États-Unis ont négocié directement avec les envoyés d’Ahmadinejad à Genève, ce qui a joué en faveur du régime et au détriment des insurgés.
2- Ils ont maintenu l’étiquette de terroristes de l’OMPI.
3- Ils ont transféré la protection d’Achraf à un gouvernement irakien inféodé au guide suprême, en violant leur engagement écrit et les lois internationales.

Khamenei a besoin de réprimer Achraf pour mater le soulèvement en Iran, et dans ces conditions critiques, la protection du camp est aux mains de ses agents irakiens. Quel plus beau cadeau pouvait-on imaginer ?

Regardez à présent les résultats de cette politique :
Une attaque en juillet 2009 contre Achraf a fait 11 morts parmi les résidents. Les attaques successives ces derniers mois, depuis octobre jusqu’à présent, ont fait 221 blessés dont 94 femmes d’Achraf. Avec en plus un blocus inhumain.

Pour justifier une faute aussi importante, certains disent qu’Achraf est une affaire intérieure de l’Irak. Ils disent qu’il ne faut pas violer la souveraineté de l’Irak. Or l’ordre de la répression d’Achraf vient de Khamenei, et ceux qui la mettent en œuvre sont aussi recrutés par lui. Aussi nous demandons si la levée du blocus d’Achraf est une ingérence dans les affaires irakiennes?

Est-ce que le respect de la souveraineté irakienne signifie qu’à cause d’un blocus médical inhumain ces malades doivent souffrir ? Est-ce que le respect de la souveraineté irakienne signifie laisser torturer les malades par le biais d’un blocus médical inhumain ? En ce moment-même à Achraf sous blocus, la santé de fils et de filles du peuple iranien, malades, se détériore. Il y a notamment Kazem Nematollahi, Soudeh Taghva’i, Khalil Pour-Chafeh, Akbar Chafeghat, Mostafa Gandje’i et Elham Fardipour.
Est-ce que le respect de la souveraineté irakienne signifie laisser les équipes des services de renseignements du régime iranien continuer d’exercer au moyen de 210 haut-parleurs une torture psychologique sur les Moudjahidine d’Achraf ?

Si on regarde en profondeur, c’est la levée de ce dispositif répressif des mollahs à Achraf qui entraine le respect de la souveraineté du gouvernement et du peuple irakien.

Il y a quelques jours à peine, dans une résolution, le Parlement européen a annoncé que les gouvernements ne pouvaient se cacher derrière le droit à la souveraineté et la juridiction nationale pour empêcher des enquêtes sur leur bilan en matière de droits de l’homme.

Nous appelons les États-Unis à assumer leur responsabilité en reprenant la protection d’Achraf, et les Nations Unies à installer une équipe permanente d’observateurs à Achraf. Il s’agit là du critère le plus objectif des relations des États-Unis avec le peuple iranien et sa résistance organisée.

Cela concerne aussi l’étiquette sans fondement que le Département d’État américain a colée à l’OMPI. Le jugement rendu en juillet 2010 par la cour d’appel de Washington offre l’occasion la plus importante d’annuler cette inscription sur la liste noire. Est-ce qu’aujourd’hui des responsables gouvernementaux des 20 dernières années ne reconnaissent-ils pas que cette étiquette est l’héritage funeste d’une politique erronée ? Alors pourquoi la maintenir? Pourquoi l’entente avec Khamenei et Ahmadinejad doit-elle se faire au prix de bloquer le changement en Iran ?

À présent ce sont les changements dans la région qui disent que vous êtes en train de perdre rapidement du temps. Nous disons à tous les gouvernements occidentaux de mettre fin à cette politique rétrograde. Tout comme il faut couper l’artère jugulaire du régime, c’est-à-dire ses revenus pétroliers et gaziers et qu’il ne faut pas poursuivre les relations nuisibles de leurs services de renseignements avec le ministère du renseignement du régime.

Il est bon de faire remarquer que malheureusement, l’an passé, l’Allemagne n’a même pas accompagné les sanctions internationales contre les mollahs. En 2010, les compagnies allemandes ont vendu plus de 3000 sortes de produits d’une valeur de près de 4 milliards de dollars aux sociétés qui sont en général dominées par le corps des pasdaran.

Il est regrettable que l’Allemagne se soit abstenue de voter concernant la résolution sur l’exclusion d’une zone aérienne pour la protection de la population civile libyenne sans défense.

Cependant nous connaissons l’Allemagne à travers un Allemand de grande valeur du nom de Gauk qui, au siècle passé, est venu accompagner le dirigeant du mouvement de libération du peuple iranien, Mirza Kouchek-Khan, et qui a sacrifié sa vie. Nous connaissons l’Allemagne à travers ses parlementaires et ses défenseurs des droits de l’homme qui ont, à maintes reprises, soutenu la Résistance iranienne.

Une nouvelle ère vient de s’ouvrir avec les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. C’est une occasion pour les gouvernements occidentaux de s’engager dans la bonne direction de l’histoire.

L’adoption d’une résolution par le Conseil de sécurité de l’ONU en faveur d’une zone d’exclusion aérienne en Libye et le fait d’autoriser les mesures nécessaires pour la protection des civils de ce pays, sont des démarches de grande valeur. Nous avons vu combien Khamenei s’y est opposé à grands cris. L’initiative de la communauté internationale pour protéger les civils libyens vaut aussi pour une mise en garde au guide suprême des mollahs qui chaque jour dans les rues et dans les prisons écrase dans le sang les protestations de la population sans défense. C’est pour cette raison que le peuple iranien et sa résistance se réjouissent de cette décision.
L’expérience de Kadhafi démontre que les dictateurs ne comprennent que le langage de la force et de la détermination. C’est pourquoi je demande à l’ensemble des gouvernements et des instances internationales :

1- De cesser d’acheter du pétrole aux mollahs et d’alimenter ainsi le financement de la répression du peuple iranien.
2- De prendre les mesures nécessaires pour lancer un mandat international contre Khamenei pour crime contre l’humanité.
3- De radier les Moudjahidines du peuple de la liste du terrorisme et de reconnaître officiellement la Résistance du peuple iranien.
4- De prendre les mesures nécessaires pour retirer les haut-parleurs autour du camp d’Achraf, de mettre fin à la torture psychologique des résidents et au blocus inhumain du Camp, de lever en particulier les restrictions médicales criminelles et de se charger de faire accepter la protection du Camp par les États-Unis et les Nations unies. Nous demandons à la communauté internationale de prendre les mesures nécessaires.

Mesdames et Messieurs, Chers Amis,

La dernière heure demain, fera place à Norouz, la nouvelle année iranienne, et annoncera le début du printemps. Je souhaite dès à présent une bonne année au peuple d’Iran, aux Achrafiens et à tous les prisonniers en Iran. Avec cette même certitude que le printemps arrive, le printemps authentique de l’Iran va enfin arriver. Le printemps des droits de l’homme. Le printemps du libre choix de tout un peuple. Le printemps de la justice et de l’égalité des chances. Le printemps de la tolérance et de la solidarité. Et le printemps de la démocratie.

Vive le printemps de la liberté de l’Iran !
Vive le peuple iranien !

Je vous remercie.

Maryam Radjavi

Maryam Rajavi

Présidente-élue du Conseil
national de la Résistance
Iranienne

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