Discours de Maryam Radjavi dans une conférence au Parlement européen
Le processus de changement de régime en Iran et le rôle de la résistance organisée
C’est un plaisir de vous rencontrer au début de la nouvelle législature du Parlement européen.
Lors de la législature précédente, ce parlement a adopté deux résolutions visant à inscrire le corps des pasdarans sur la liste des entités terroristes.
C’était une occasion cruciale de freiner le fascisme religieux au pouvoir en Iran dans son incitation à la guerre, mais elle ne s’est malheureusement pas concrétisée.
De plus, le mécanisme de « snapback » n’a pas été activé.
Pendant longtemps, ce régime a considéré l’exportation de l’intégrisme religieux, du terrorisme et du bellicisme comme sa principale stratégie pour dissimuler sa guerre principale contre le peuple iranien et contrer ses soulèvements.
Au fait, quel était donc le crime de l’ancien vice-président de ce parlement, le professeur Alejo Vidal Quadras, qui a survécu à une tentative d’assassinat terroriste à Madrid il y a un an ?
C’est que dans la guerre du fascisme religieux contre le peuple iranien, il se tient du côté du peuple et de sa juste résistance.
La guerre du régime contre le peuple iranien
La guerre contre le peuple iranien compte environ 800 exécutions depuis début 2024.
Cette question est à la fois surprenante et regrettable pour ce parlement qui est à l’avant-garde de l’abolition de la peine de mort, et elle est profondément douloureuse pour le peuple iranien et sa résistance qui a annoncé dans son programme il y a 20 ans, la nécessité d’abolir la peine de mort.
Environ 500 personnes ont été pendues à ce jour depuis l’entrée en fonction du nouveau président du régime, il y a 4 mois.
Le régime des mollahs affiche 100 000 exécutions politiques et plus d’un demi-million de prisonniers torturés.
Khamenei a répété à plusieurs reprises que s’il ne combattait pas en Syrie, en Irak, au Yémen, au Liban et à Gaza, il devrait se défendre à Téhéran, Ispahan et Chiraz, c’est-à-dire au cœur de l’Iran.
Les soulèvements nationaux des années 2009, 2017, 2018, 2019 et 2022 témoignent de cette vérité concernant le conflit principal de ce régime avec le peuple iranien. Aujourd’hui même, il y a quelques heures, des milliers de retraités de l’enseignement manifestaient devant le parlement des mollahs en scandant « crions contre toute cette injustice ». Le régime, en violant totalement l’accord nucléaire et en recourant à la dissimulation, des plans et propositions trompeuses[1], poursuive son projet de fabrication d’une bombe atomique, qu’il considère comme une garantie stratégique de sa survie. Activer la clause du « snapback » et rétablir les six résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, ce qui aurait dû être fait depuis longtemps, constituent une première étape urgente et essentielle. Cependant, se débarrasser définitivement de cette dictature terroriste et nucléaire passe par un changement de régime initié par le peuple iranien et sa Résistance.
Le changement démocratique, un but accessible
Je suis venue aujourd’hui à la Maison de la démocratie européenne pour annoncer que :
On peut mettre fin au bellicisme et au terrorisme de ce régime.
Le peuple iranien et sa résistance peuvent réaliser le renversement de ce régime et le changement démocratique.
Cet objectif est réalisable et à portée de main.
Voici les éléments les plus importants pour y parvenir :
1- Un peuple profondément mécontent et en colère, épaulé par les unités résistance qui se trouvent en première ligne, et des femmes qui les dirigent.
Les unités de résistance sont les composantes de l’Armée de libération nationale de l’Iran.
Avec leurs activités contre le mur de la répression, elles sont la force du changement et de la lutte pour la liberté en Iran.
Des clips vidéo de 20 000 de leurs actes à travers l’Iran ont été rendus publics lors du rassemblement de juillet 2024.
2- L’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI), forte de milliers de cadres expérimentés, est un mouvement qui lutte depuis 60 ans contre les deux dictatures du chah et des mollahs, et ses amis comme ses ennemis témoignent de son rôle central.
Ce livre contient les noms et détails de 20 000 martyrs de cette organisation, que le régime a déclarée comme étant son ennemi majeur.
C’est aussi la principale cause de la diabolisation généralisée de notre résistance. Achraf 3 en Albanie est l’un des centres de cette organisation avec un millier de femmes héroïques et près de 1000 anciens prisonniers torturées sous les deux dictatures du chah et des mollahs.
3- L’alternative démocratique du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI) est composé de 457 membres[2], dont plus de 50% de femmes, issus de diverses tendances politiques. Il s’agit de la coalition politique la plus longue de l’histoire de l’Iran, fondée il y a 43 ans par Massoud Radjavi à Téhéran. Ce conseil a des programmes et des plans spécifiques pour les libertés et les droits des femmes, l’autonomie des minorités ethniques, l’égalité entre chiites, sunnites et les autres religions, la séparation de la religion de l’État, l’abolition de la peine de mort et un Iran non nucléaire, défenseur permanent de la paix au Moyen-Orient.
Qui plus est, en payant un lourd tribut, c’est cette résistance qui a été la première à révéler les programmes et installations atomiques secrets du régime en 2002.
4- Ces quatre dernières décennies, la Résistance iranienne a organisé les plus grands rassemblements d’Iraniens en dehors de l’Iran, ce qui montre l’énorme soutien de cette résistance à l’intérieur du pays.
Les familles des 100 000 victimes tombées pour la liberté et de centaines de milliers de prisonniers politiques ont soutenu cette résistance au cours des 45 dernières années et continuent de le faire. Un large éventail d’experts iraniens, organisés en 320 associations au sein des communautés iraniennes, constitue une partie importante des cadres nécessaires à la construction de l’Iran de demain.
C’est la seule grande résistance qui opère avec une indépendance et autosuffisance financière.
Toutes les dépenses, des dépenses quotidiennes aux communications, publications, rassemblements et télévision diffusant 24 heures sur 24 des programmes pour le peuple iranien à partir de 5 satellites, sont prises en charge par les membres et partisans de la résistance à l’intérieur et à l’extérieur de l’Iran.
5- Le soutien mondial au programme en 10 points de la résistance iranienne pour un Iran libre, annoncé lors d’un grand rassemblement d’Iraniens en juillet de cette année, comprenait
– des déclarations signées par une majorité de parlementaires de 34 chambres législatives en Europe et en Amérique, et de plusieurs pays arabes,
– Une déclaration de 137 anciens dirigeants mondiaux et de 80 lauréats du prix Nobel.
Il s’agit de soutiens en faveur de l’instauration d’une république démocratique, soulignant qu’il n’y a pas de place pour une dictature religieuse ou une dictature monarchique en Iran.
Processus de transfert du pouvoir après le renversement des mollahs
Chers amis,
Concernant l’avenir de l’Iran, j’ai toujours souligné que nous ne cherchons pas à acquérir le pouvoir, mais à le transférer qui il appartient véritablement, à savoir le peuple iranien et son vote.
A cet effet, selon le plan du CNRI après le renversement du régime, le processus de transfert du pouvoir sera le suivant :
– La formation d’un gouvernement provisoire pour une durée maximale de 6 mois, dont la tâche principale sera d’organiser les élections pour former l’Assemblée constituante.
– Dès la mise en place de l’Assemblée constituante, le gouvernement provisoire prendra fin et la mission du Conseil national de la Résistance se terminera.
La souveraineté sera transférée aux représentants du peuple dans cette assemblée pour élire le nouveau gouvernement pour 2 ans afin de rédiger, d’adopter et d’organiser un référendum sur la constitution de la nouvelle république.
Permettez-moi de rappeler trois points visant à rassurer.
1- La dictature religieuse et ses partisans disent qu’il n’y a pas d’alternative. C’est un pur mensonge, et les peuples et les élus du monde entier, comme je l’ai déjà dit, se sont dressés contre cela.
2- Les mollahs disent que sans eux, l’Iran, comme la Syrie ou la Libye, tombera dans le chaos ! C’est l’autre côté de leur allégation comme quoi il n’existe pas d’alternative. Lorsqu’il existe une alternative décente, il n’y a pas de place pour le chaos. Des millions d’Iraniens loin de leur patrie reviendront en Iran avec leur savoir-faire et leurs capitaux.
3- Ils disent que l’Iran sera divisé ! C’est encore un mensonge. Lors des soulèvements, les compatriotes baloutches et kurdes scandaient « du Kurdistan à Téhéran, et de Zahedan à Téhéran, je sacrifie ma vie pour l’Iran ». Ils veulent leurs droits et non la partition.
L’erreur des politiques occidentales
Permettez-moi de conclure que la source de l’erreur des politiques des trois dernières décennies concernant l’Iran réside dans le fait de ne pas avoir reconnu ces vérités, ni l’alternative issue de 46 années de résistance contre le régime du guide suprême qui incarne le fascisme religieux. Cette résistance a mené une bataille pour la liberté et l’égalité des femmes et des hommes en Iran. Comme toujours, je le répète : Non au voile obligatoire, non à la religion obligatoire et non au gouvernement obligatoire !
Tout en vous adressant mes félicitations pour la nouvelle direction de l’Union européenne, je forme l’espoir que la politique de complaisance sera totalement rejetée, pour laisser place à une politique de fermeté avec le régime terroriste et belliciste des mollahs. Ce sera une marque de respect visant la demande du peuple iranien pour un changement de régime et l’instauration de la démocratie et de la souveraineté populaire. C’est aussi essentiel pour la paix et la tranquillité dans la région et dans le monde.
Je vous remercie
[1] Le 22 janvier 2019, Ali Akbar Salehi, chef de l’organisation de l’énergie nucléaire du régime : « Dans les tuyaux que nous avions ici, dans ces échangeurs que nous avions, les tuyaux où le combustible passait, nous avions également acheté des tuyaux similaires. Mais à l’époque, je ne pouvais pas l’annoncer. Une seule personne en Iran était au courant : la plus haute autorité du régime (Khamenei). Personne d’autre ne le savait… Son Excellence (Khamenei) avait dit de faire attention, car ces gens-là [les Occidentaux] sont déloyaux et peu fiables. Eh bien, nous devions agir avec prudence et intelligence, c’est-à-dire non seulement ne pas détruire les ponts derrière nous, mais aussi en construire, afin que, si nous devions revenir en arrière, cela soit fait plus rapidement. Il y avait des tuyaux de 2 ou 3 centimètres de diamètre et de 3 ou 4 mètres de long… Nous avions acheté des tuyaux similaires, en quantité équivalente. On nous a dit de remplir ces tuyaux de ciment. Nous l’avons fait, mais nous n’avions pas mentionné que nous avions d’autres tuyaux, car si nous l’avions dit, ils auraient exigé que nous remplissions également ces autres tuyaux de ciment… Maintenant, nous utilisons ces tuyaux-là. » (Chaîne 4 de la télévision officielle du régime, 22 janvier 2019).
[2] Le nombre actuel de membres du CNRI, en prenant en compte les membres tombés martyrs ou décédés et ceux pris en otages par les mercenaires du régime, se monte à 457
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